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Harcèlement de nus

Dans "Le Grand Incident", Zelba fait la démonstration que la vision masculine du monde a largement façonné l’histoire de l’art. Les peintures et les sculptures du Louvre en sont la preuve presque vivante. Au point de se rebeller.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
le Louvre mis à nu (ZELBA, FUTUROPOLIS + LOUVRE EDITIONS)

Voilà une BD aussi sérieuse que rigolote. Le Grand Incident aborde le regard sur le nu féminin, à travers les âges, tout autant que la question du harcèlement de rue.

Révolution au Musée du Louvre

Dans ces milliers de peinture et ces centaines de sculptures, regardez les femmes nues : elles célèbrent la beauté des corps, c’est vrai, mais pas seulement. Depuis le mouvement #Metoo, difficile de ne pas les juger aussi, via le prisme de ce qu’on appelle le male gaze, la vision masculine du monde. C’est ce que la dessinatrice Zelba veut nous montrer.

Invitée à rejoindre la collection Futuropolis-Le Louvre, dans laquelle des auteurs de bandes dessinées investissent le plus grand musée du monde, Zelba a revisité la relation de l’art au nu féminin.

"Les nus féminins sont très souvent représentés dans des poses de soumission. Sous couvert de mythologie et de scènes bibliques, les femmes sont enlevées, subissent des attouchements non consentis, des viols. C’est très différent pour les nus masculins, utilisés pour montrer la force, la puissance virile."

Zelba

à franceinfo

Zelba traverse les siècles comme elle traverse les salles du Louvre. La démonstration est vite imparable. Sculptures et peintures sont mises en scène avec beaucoup d’élégance, très fidèlement. La dessinatrice prend soin aussi de prendre en considération les arguments qui pourraient lui être opposés. Pas question de bannir ses chefs-d’œuvre, dit-elle, mais d’expliquer qu’ils sont le reflet d’une époque.

Et surtout, Zelba est drôle. La preuve ? Lassées de se voir mettre la main aux fesses, les sculptures féminines vont tout simplement disparaître. Jusqu’au jour où les visiteurs – nous disons bien les visiteurs, les hommes – accepteront de se déshabiller à leur tour, avant d’entrer dans le musée.

Messieurs, ne craignez rien ! Tout ça est écrit et dessiné dans un esprit de respect mutuel. Au passage, la fable dénonce aussi le harcèlement de rue. Enfin, une précision : Zelba est née et a grandi en Allemagne, où l’on sent que le rapport à la nudité est différent.

Le Grand Incident, Zelba, éd. Futuropolis

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