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Delenda Carthago!

Attention, détournements de BD de genre! Côté péplum, "Les voleurs de Carthage" de Tanquerelle et Appollo, c'est les Pieds Nickelés dans l'Antiquité. Au rayon polar, "Heartbreak Valley" de Simon Roussin, c'est la nuit en plein jour!
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Hervé
Tanquerelle rêvait de dessiner Salammbô de Flaubert
. Il en a parlé au scénariste
Appollo, né en Tunisie, et qui avait vécu
sur le site de Carthage. Lequel s'est souvenu, ô combien, enfant, il en voulait
à la série Alix de présenter face aux romains héroïques des Carthaginois
sournois qui offrent leur progéniture en sacrifice au Moloch.

L'évocation
de Carthage par Tanquerelle et Appolo
va donc venger les fils d'Afrique sur un
air de péplum
, avec de grandes scènes de bataille, parfois pleine page –un éléphant,
ça prend de la place! Mais les personnages principaux, un Gaulois libidineux et
un Numide cupide, ressemblent pour le coup à d'antiques cousins des Pieds Nickelés. Qui croient pouvoir piller impunément temples et palais au nez et à
la barbe des grands prêtres de Baal et des fiers soldats de Scipion. Et
il y a une femme, évidemment, vestale sensuelle, mais... bas les pattes ! La
belle sait se faire respecter. Pour les décors, l'inspiration regarde du côté des
peintres pompiers, Gérôme ou Rochegrosse. Et puisqu'on connaît le mot de la fin

  • Delenda Cathago !- , vive
    l'aventure en attendant !

Les voleurs de
Carthage

d'Appollo et Tanquerelle, aux éditions Dargaud.

On
a tous un peu peur du noir.
Ceux qui ont déjà vécu une éclipse de soleil savent
ce sentiment curieux que fait naître même pour quelques courtes minutes la nuit
en plein jour. Quand le chant des oiseaux s'éteint, que les ombres
disparaissent pour laisser place à des vagues de noirceur mouvante. Dans Heartbreak valley , la nouvelle bande
dessinée de Simon Roussin, tout part de là : d'une éclipse qui n'en finit
pas
. Dans ce décor en trompe l'œil, via un jeu de subtils dégradés de gris, le
dessinateur lance un piètre détective dans une enquête stérile comme les
dialogues qu'il lui attribue. Heartbreak
valley
se lit alors comme une mélopée, triste et répétitive, une quête bête
et méchante, un hommage à la ligne claire obscure, aux films noirs américains
et au rocker loser Roy Orbison, celui qui chantait " Pretty woman "
et ne quittait jamais ses larges lunettes de soleil. Pas pour faire
genre ! Il louchait, nous dit l'éditeur 2024. Cette histoire en noir et blanc
est d'autant plus étonnante que nous avions repéré Simon Roussin il y a deux ans
avec Lemon Jefferson et la grande
aventure
où il coloriait tout à coups de feutres rageurs. Une
flamboyance que l'on retrouve dans une autre nouveauté de Simon Roussin, Le Bandit au Colt d'Or aux éditions
Magnani.

Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la
chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de
franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia
vous
livre sa sélection et ses coups de cœur.

Trouble is my business , de Natsuo Sekikawa (scénario) et
Jiro Taniguchi (dessins), chez Kana

Série d'enquêtes d'un détective privé de Tôkyô, solitaire
efficace aux allures de loser, cette œuvre de jeunesse de Jirô Taniguchi, aux
traits plus épais et plus noirs, est bien loin de ses derniers mangas, beaucoup
plus contemplatifs.

Ici, la drogue, le sexe, la violence, et les femmes fatales
font partie intégrante des différentes histoires qui ne sont pas sans rappeler
l'univers de certains polars américains. Trouble is my business plaira aussi
bien aux fans de mangas qu'à ceux de BD classiques.

Zéro pour l'éternité 1 et 2 , de Naoki Hyakuta (roman
original) et Sôichi Sumoto (dessins), chez Delcourt

À la demande de sa soeur, Kentarô entreprend des recherches
sur leur grand-père, aviateur et kamikaze décédé à la fin de la Seconde Guerre
mondiale, et dont il ignorait l'existence. En recueillant les témoignages de
ses anciens camarades de combat, Kentarô découvre un soldat et un pilote de
haut niveau mais aussi un patriote pour qui la famille passait avant tout. Mais
qui étaient les escadrons kamikazes ?

Adapté d'un roman de Naoki Hyakuta, ce manga dresse le
portrait d'un homme et d'une société très complexes et nous montre à quel point
le Japon est hanté par son passé. Décors, appareils militaires, personnages, les
dessins sont très réalistes.

La belle du temple hanté , de Nie Chongrui, chez Kotoji

Un jeune peintre se retrouve un soir dans un temple
abandonné. Du moins, c'est ce qu'il croit. Il vient en fait de pénétrer le
domaine d'une grand-mère fantôme qui dirige une armée d'esprits pas toujours
bienveillants. Pour pouvoir tuer les voyageurs de passage, elle utilise le
fantôme d'une très belle femme. Mais celle-ci va demander au jeune peintre de
la sortir de là en lui donnant le repos éternel.

Nie Chongrui (Juge Bao ) réalise une très belle adaptation d'un
conte traditionnel chinois écrit par Pu Songling. Les éditions Kotoji rééditent
ce manhua, déjà paru en France en 2007 aux éditions Xiao Pan qui ont disparu
depuis.

A lire également :

Battle Royale - Angels' Border , de Kôshun Takami (scénario) Mioko
Ônishi (dessins) et Yôhei Oguma (dessins) chez Soleil

Billy Bat, Vol 6 , de Naoki Urasawa, chez Pika

Kokoro button, Vol 7 , de Maki Usami, chez Soleil

Piece, Vol 5 , de Hinako Ashihara, chez Kana

Sankarea, Vol 2 , de Mitsuru Hattori, chez Pika

Sidooh, Vol 12 , de Tsutomu Takahashi, chez Panini Manga

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