"Blast": la fin de la route
Manu
Larcenet ne souhaite plus, du moins pour le moment, parler de Blast . Sentiment d'avoir tout dit à la
sortie des trois précédents chapitres ? Sensation de s'être littéralement vidé
quand il a apposé sa signature au bas de la dernière case du dernier volume ?
Ou tout simplement envie de passer à autre chose après tout ce noir, ce
cauchemar qui n'en finissait pas, cette expérience sensorielle éprouvante (pour
les lecteurs fascinés), ce défi graphique et littéraire - quels
dialogues !, de près de 800 pages avec lesquels le dessinateur tendre et
fragile du Retour à la terre ,
l'auteur à la fibre sociale et humaniste du Combat
ordinaire s'est radicalement remis en question. Blast ou la confession de Polza Mancini, routard du crime, qui
n'eut de cesse de prendre les chemins de traverse pour échapper au regard des
autres. Et d'ingurgiter tout ce qui peut vous mettre la tête à l'envers pour
parvenir au Blast, l'illumination qui fait décoller les corps les plus lourds. Dès
les premières pages de Grasse Carcasse ,
il y a cinq ans, on savait que l'histoire ne pourrait pas se terminer bien.
Mais pouvait-on imaginer un destin aussi tragique que celui que résume le
titre du 4ème opus : Pourvu
que les bouddhistes se trompent .
Blast , de Manu
Larcenet, aux éditions Dargaud.
Fin
de parcours aussi pour Pablo , soit
l'évocation des premiers pas de Picasso dans le Paris des années1900. Le génial
espagnol raconté par celle qui alors partageait sa vie : Fernande Olivier,
muse et modèle, amante et grisette. On y a croisé Apollinaire, Matisse et Max
Jacob. Le scénario de Julie Birmant et le dessin de Clément Oubrerie ont tenu
leurs promesses jusqu'au bout, jusqu'à l'avènement de la révolution cubiste.
Pablo , également chez Dargaud.
Rendez-vous
le week-end prochain à Aix-en-Provence pour les rencontres du 9ème
art. En une décennie, la ville a pris l'habitude
de passer le printemps en images avec de belles expositions qui, selon les
lieux, courent du mois de mars au mois de mai.
Ainsi l'atelier de Cézanne donne
à voir un dessinateur de l'entre deux guerres trop rarement exposé
aujourd'hui : Chas Laborde dont les flâneries dessinées croquent avec beaucoup de vitalité les foules urbaines des
années 1920, à Paris, Londres, New-York, Moscou, Madrid et Berlin.
Pour Los
Angeles, voyez le travail de Miles Hyman : sa formidable adaptation du Dalhia Noir de James Ellroy est présentée
à la galerie de l'office du tourisme.
Aix a également choisi cette année
d'embrasser l'univers d'Alan Moore, le scénariste anglais de Watchmen , V pour Vendetta , et autres From
Hell .
Aix a choisi de se définir comme un festival de bande dessinée et
autres arts associés. C'est sous cet intitulé qu'il faut ranger Frédéric Voisin
dont on voit au Musée des tapisseries les sombres linogravures sur le thème de
l'Apocalypse.
Enfin, à Aix, il faudra lever les yeux samedi prochain. Les Plasticiens
volants y présentent leurs immenses marionnettes gonflables. La parade partira
à 19h précises, cours Mirabeau.
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