BD, bande dessinée. Sacco au pays de Dene
Joe Sacco renoue avec le reportage au long cours. Le journaliste-dessinateur livre une BD fleuve sur les peuples autochtones du Canada. Son titre: "Payer la terre".
Celui que beaucoup considèrent, à juste titre, comme le meilleur représentant de la bande dessinée du réel a bravé les grands froids pour se rendre chez les Dene, le peuple autochtone du Nord-Ouest canadien.
Hier et aujourd'hui, les liens défaits
Joe Sacco en a rapporté une somme de témoignages et d’images qui permet de prendre la mesure de ce qu’a signifié la colonisation de ces territoires. Sacco raconte et dessine ce qu’il voit aujourd’hui, mais aussi ce qui a été : la noria des camions qui partent des zones de fracturation hydraulique, comme les communautés qui se déplaçaient avec leurs chiens de traineaux il y a encore quelques décennies ; les familles qui vivaient alors en harmonie avec la nature et les ravages de l’alcool qui détruit littéralement le lien social désormais. La philosophie des Dene, elle, est restée la même. Nous devons payer notre tribut à la terre qui nous accueille et nous nourrit.
Quelle belle expression : Payer la terre! C’est comme rendre grâce à quelque chose. D’une certaine manière, ça vous dépasse. Quel contraste avec la façon occidentale de penser la terre, en termes de propriété, des ressources minérales qu’elle renferme, de ce qu’il y a dessus, de qui les possède. C’est très différent. Nous pensons en termes d’extraction des ressources, nous voulons que la terre nous rapporte. Nous utilisons le mot extraction, qui est un terme très violent quand vous y réfléchissez.
Joe Sacco
Pour nous aider à réinterroger notre rapport au monde, Payer la terre, à la rencontre des premières nations des territoires du nord-ouest canadien, de Joe Sacco, une coédition Futuropolis et la Revue XXI.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Sengo, Sansuke Yamada, chez Casterman
C'est avec Sengo, publié au Japon de 2013 à 2018, que Sansuke Yamada a été reconnu. En 2019, il a été distingué par le Prix Osamu Tezuka et le grand prix de la Japan Cartoonist Association. Le mangaka a également signé dans la presse gay masculine, est acteur et musicien à ses heures.
Dans Sengo, le mangaka nous entraîne dans le Japon de l'après-guerre. En 1945, deux soldats rentrent chez eux et se retrouvent par hasard dans un Tokyo détruit et occupé par l'armée américaine.
Grivoiserie, nostalgie, humour, font partie de ce manga porté par deux personnages très différents, mais tout aussi attachants l'un que l'autre. Kadomatsu Kuroda est costaud, rigolo, il a la bagarre facile. Toku Kawashima était le supérieur de Kadomatsu sur le front. Devenu propriétaire d’un petit restaurant de quartier, il a un penchant pour l'alcool, est désabusé et séducteur. Avec eux, on découvre le marché noir, la prostitution, le difficile retour à la vie civile et la cohabition avec les Américains. L'ambiance de l'époque est très bien restituée grâce à la traduction qui utilise l'argot.
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