Quand l'Algérie était aussi la France
Il y a 36 ans, Jacques Ferrandez ouvrait le premier chapitre de ses Carnets d’Orient. Douze livres plus tard, le dessinateur, né en 1955 à Alger, a peut-être bien mis un point final à cet imposant travail de mémoire.
De la colonisation à l'indépendance... et au-delà
Il s’était donné pour mission, d’abord de raconter la France en Algérie – de la conquête en 1886 jusqu’à l’Indépendance en 1962 –, avant d’y revenir à travers deux volumes intitulés Suites algériennes. Pour tenter de regarder ce que le pays est devenu au tournant des années 1990 : les émeutes populaires, puis la guerre civile menée par les Islamistes, et enfin, en sautant jusqu’en 2019, les manifestations hebdomadaires du Hirak.
"Il y avait une mémoire pied-noir, une mémoire de la guerre d’Algérie pour les appelés, parfois une manière de taire aussi cette mémoire. Sans oublier la douleur qu’avait été cette occupation pour les habitants du pays avant la présence française."
Jacques Ferrandezà franceinfo
La Méditerranée en partage
Graphiquement, la série doit beaucoup aux aquarelles panoramiques que Ferrandez déploie régulièrement en double-pages et sur lesquelles il superpose les cases de son récit. L’Algérie lumineuse, entre la terre ocre rouge des djebels et le ciel bleu méditerranéen, y révèle toute sa beauté. Ferrandez, qui habite non loin de la grande bleue, du côté de Nice, se sent très proche de tous les peuples qui bordent la mare nostrum. Il ne comprend toujours pas comment ces civilisations ont pu, à ce point, manquer d’harmonie.
"Raconter l’histoire d’individus, en montrant tout ce qui a été gâché, les occasions manquées, les tournants ratés, c’est aussi une manière de se positionner par rapport à ce qui aurait pu être et non pas par rapport à ce qui a été."
Jacques Ferrandezà franceinfo
Ce qui reste, en tout cas, c’est une fameuse saga en bande dessinée, Les Carnets d’Orient, aux éditions Casterman.
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