BD, bande dessinée. Petit tambour deviendra vieux
C'est beau comme un livre pour enfants, mais la mort rôde. À partir d'un personnage secondaire de Guerre et Paix de Léon Tolstoï, le flamand Simon Spruyt propose une réflexion sur l'absurdité de la guerre.
Si la couverture colorée, pimpante, du Tambour de la Moskova peut laisser croire, de prime abord, que le lecteur a entre les mains un livre joyeux et qui s’adresserait volontiers aux enfants, la farandole de squelettes, entr’aperçue au second plan, laisse présager la véritable teneur du livre.
Plus la guerre est cruelle, plus la couleur est belle
L’auteur a choisi l’épopée napoléonienne, à son point de bascule, la bataille de Borodino, pendant la campagne de Russie, à l’issue de laquelle les deux camps revendiquent la victoire et laissent sur le champ 70 000 morts. Suivent l’occupation et le pillage de Moscou, abandonnée en flammes par ses habitants, et la retraite de Russie, comme une longue agonie.
Je ne voulais pas d’un contraste entre la beauté et la cruauté, mais je voulais éviter un graphisme trop réaliste et brutal. Le drame réside dans les événements eux-mêmes et la psychologie des personnages.
Simon Spruyt
Le jeune tambour, témoin de l'histoire
Pas de morale dans ce récit raconté par la voix d’un jeune tambour, figure angélique au milieu de la bêtise des hommes et des tueries interminables. Une face de lune, toute blanche, qui tranche sur la palette multicolore élaborée autour du bleu indigo, le bleu des uniformes français sous l’Empire. Pour Simon Spruyt, tout a commencé avec la lecture de Guerre et Paix de Tolstoï, il y a une dizaine d’années. Ce jeune tambour, personnage secondaire, a fini par s’imposer jusqu’à ce que le dessinateur flamand lui invente un destin.
À la fois témoin et acteur d’une histoire qui lui échappe, Le Tambour de la Moskova, aux éditions du Lombard.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Lætitia de Germon de la rédaction de franceinfo.fr. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Lætitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Saiyukiden - La légende du Roi Singe, par Katsuya Terada, chez Pika
Katsuya Terada livre une très belle adaptation tout en couleur de La pérégrination vers l'Ouest, un classique culte de la littérature chinoise, mettant en scène le puissant Sun Wukong, plus connu sous le nom de Son Goku.
Accompagné par un cochon, le Roi des Singes escorte une nonne bâillonnée et ligotée pour un voyage vers l'Inde, où il doit mettre la main sur des manuscrits bouddhistes sacrés. Leur périple, véritable voyage initiatique, mettra leur foi et leur vie à rude épreuve. Celui qui est né d'un œuf de pierre, le Roi des Singes, va devoir faire montre de l'étendue de ses talents pour mener son petit groupe à destination, combat après combat...
Graphiquement, c'est un mélange entre Moebius, du comics et un peu de manga. A chaque chapitre, on découvre une nouvelle gamme de couleurs. La puissance et le côté animal du Roi Singe sont mis en valeur par un trait énergique, tout comme les scènes de combat. Certaines planches sont particulièrement violentes et ce manga ne convient donc pas aux plus jeunes.
A noter, en fin de volume, les chapitres parus dans le magazine Ultra Jump de Shueisha, en noir et blanc et une interview croisée avec Range Murata, auteur de Last Exile et une préface de Kim Jung Gi, un des plus talentueux illustrateur coréen.
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