BD, bande dessinée. Mettre des images sur l'indicible
Cet été, franceinfo: vous propose un tour de France des expositions BD. Aujourd'hui, quand la BD évoque l'holocauste juif de la Seconde Gerre mondiale, au Mémorial de la Shoah, à Paris.
Le monument Maus
On dit qu’avec la Shoah, l’extermination programmée des juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, on a touché à l’indicible. Que rien ne pouvait permettre de prendre la mesure de l’horreur infligée et subie. C’est sans doute vrai. Pourtant, Primo Levi a écrit Si c’est un homme. Et Maus d’Art Spiegleman a démontré que la bande dessinée avait réussi l’impensable, avec ses moyens propres, l’exigence et la simplicité de sa mise en scène, et le choix opéré par le dessinateur new-yorkais de représenter les juifs sous les traits de souris et les nazis comme autant de chats cruels. Pour dessiner cette BD témoignage, à la précision maniaque qui défie toute tentative de révisionnisme historique, Art Spiegleman a longuement interrogé son père survivant des camps de la mort.
Maus est un chef d’œuvre, récompensé aux Etats-Unis par le prix Pulitzer. Maus est une œuvre unique, au point d’avoir presque fait oublier que, de romans graphiques en mangas en passant par les comics américains, d’autres BD ont abordé l’holocauste. Ce n’est pas le moindre intérêt de l’exposition "Shoah et bande dessinée" que de le rappeler.
Quand le talent est médiocre, la mémoire est médiocre. Quand le talent est génial, la mémoire est géniale. On a plus que jamais besoin de talents pour transmettre cette histoire.
Didier Pasamonik, commissaire de l'exposition
Signées Will Eisner, Calvo, Jack Davis, Jack Kirby, Paul Gillon, Wolinski, plus de 200 planches originales en témoignent avec plus ou moins de vérité et de bon goût. Ici, pas de tabou. On ne recule pas même devant l’humour. Mais on se pose beaucoup de questions. Dans l’ombre des salles du mémorial, les dessins des témoins directs, ceux qui ont vécu l’enfer, côtoient les récits de superhéros ou L’Histoire des 3 Adolf du maître japonais Osamu Tezuka.
Spirou dans l'enfer de la Shoah
S’y ajoutent depuis le début de l’été, quelques planches du prochain Spirou vu par Emile Bravo. Le dessinateur avait marqué les esprits avec Le journal d’un ingénu, sa première relecture des aventures du petit groom belge, située en 1938. Cette fois, il consacre tout son album à l’holocauste. Le livre fleuve de 350 pages ne paraitra sans doute pas avant 2019. A découvrir, donc, dès maintenant, dans l’exposition Shoah et bande dessinée, au mémorial de la Shoah, à Paris.
Shoah et bande dessinée, au mémorial de la Shoah, à Paris, jusqu’au 30 octobre 2017.
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