BD, bande dessinée. Les vieux cow-boys se réveillent
Qu'ils s'appellent Ambrosius "Old Spur" Morgan chez Tiburce Oger ou Chinaman chez Olivier TaDuc et Serge Le Tendre, l'heure est aux vieux cow-boys solitaires. Mais le western, lui, se porte bien.
Il paraît que dans le petit monde de la bande dessinée, les dessinateurs amateurs de western se saluent volontiers. Sans doute parce qu’ils partagent le même rêve de grands espaces et qu’ils mettent bien souvent en scène des cow-boys solitaires.
La piste sera longue
Celui de Tiburce Oger n’est pas de la première jeunesse. Ce n’est pas lui faire injure que de dire qu’il est presque au bout de la piste. Il lui reste tout juste assez de force pour replanter quelques poteaux sur les clôtures dont il a la garde. Le vieil Ambrosius va pourtant quitter son poste pour répondre à l’appel d’une femme qui implore son aide. Une longue et lente chevauchée commence à travers les jeunes États-Unis d’Amérique. Il y fait froid. Quand il ne neige pas, il pleut. Et quand le mauvais temps s’en va, c’est le désert au soleil implacable qui impose sa loi.
L’argument du récit tient dans la rencontre avec un jeune papoose sorti de nulle part qui le suivra sans piper mot. Nous aussi, pour savoir où cela nous mènera. Mais cette BD vaut d’abord pour le coup de pinceau de Tiburce Oger, tout en souplesse, volutes et arabesques, et pour l’ambiance désabusée et finalement apaisée qui s’en dégage, et qui tient la violence à distance.
Ghost Kid, sous le label Grand angle de Bamboo éditions.
Le retour de Chinaman
Olivier TaDuc, lui, vient, avec son compère le scénariste Serge Le Tendre, mettre un point final à une saga qu’il avait commencée il y a presque un quart de siècle : celle de Chinaman, le cow-boy aux yeux bridés, aussi habile au sabre et à l’arc qu’une Winchester à la main. Au bout d’une dizaine de volumes, l’histoire s’est arrêtée – cela fait maintenant plus de 10 ans – sans que l’on en connaisse la fin. Le Réveil du tigre vient clore en beauté le récit. Avec un Chinaman au bout du rouleau, là encore. A croire que les cow-boys vieillissent ces temps-ci.
Peut-être que, comme nous avons vieilli, nous racontons plus facilement des histoires de gens qui eux aussi vieillissent. J’avais envie de revenir aux sources, assez noires, du récit. La question n’est pas que ça se termine bien ou pas, mais avec panache !
Olivier TaDuc
Du panache, Chinaman n’en manque pas. Dans cette histoire de fermiers spoliés par les nouveaux maîtres du pétrole, le fils du ciel retrouvera sa rage et son sens du combat pour maintenir encore un peu de justice dans un monde en train de basculer.
Le réveil du tigre, sous le label Aire Libre des éditions Dupuis
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