BD, bande dessinée. Le mal, du roman à la BD
De la littérature à la BD : Jean-Christophe Ogier nous propose cette semaine les adaptations d'un roman de l'Italien AntonioTabucchi et d'une nouvelle de l'Américaine Shirley Jackson.
Sauvé par le bleu du ciel
Pereira prétend est un roman fameux de la littérature européenne. Écrit par un Italien, Antonio Tabucchi, fasciné par l’œuvre d’un Portugais, Fernando Pessoa, dont il fut le traducteur et le chantre, Pereira prétend est aujourd’hui adapté en bande dessinée par un Français, Pierre-Henry Gomont, installé en Belgique. Faut-il voir dans cette accumulation de passions partagées à saute-frontières l’une des raisons de la puissance d’évocation de cette BD ?
L’histoire se passe à Lisbonne et ce qui crève les yeux, avant même de commencer la lecture, c’est le bleu du ciel. Au bleu du ciel de Lisbonne, si limpide, si léger, s’oppose la pesanteur sociale, politique, historique du Portugal de Salazar. Comme le pays engourdi dans la dictature en 1938, Pereira, le corps lourd, passe à côté de la vie. Jusqu’à sa rencontre avec une jeunesse éprise de liberté et d’absolu.
Comme nombre d’auteurs en cet automne 2016, Pierre-Henry Gomont revendique dans ce travail une réflexion sur l’inaction politique et la nécessité de défendre les libertés fondamentales. Pereira prétend, adapté du roman d’Antonio Tabucchi par Pierre-Henry Gomont, aux éditions Sarbacane.
Le miroir de l’Amérique
Direction l’Amérique, et plus exactement la côte est des États-Unis au milieu du XXe siècle. C’est le cadre de La Loterie. Le dessinateur Miles Hyman adapte une nouvelle écrite par sa grand-mère, Shirley Jackson, romancière à succès qui avait provoqué le scandale en 1948. Miroir grossissant fidèle à la société qu’il reflète, dans chaque case, dans chaque personnage, dans chaque posture, le dessin de Miles Hyman montre une communauté totalement engluée dans des règles immuables qui ne semblent plus exister que par la force d’un conservatisme rétrograde. Dans un décor champêtre, une horreur familière, un mal banal que personne ne discute. La Loterie, Miles Hyman, d’après Shirley Jackson, aux éditions Casterman.
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