BD, bande dessinée. Le blues de l'auteur de BD
Il y a, au moins, "Un auteur de BD en trop". C'est le double de papier du dessinateur Daniel Blancou. Lequel, en mal de reconnaissance malgré quelques livres remarqués, signe une comédie grinçante sur la précarité et les états d'âme de la profession.
Pour les auteurs, et notamment ceux de bandes dessinées, les espoirs nés de la publication du rapport Racine qui formulait des préconisations précises pour faire face à la précarité du métier sont en train de faire pschitt. Pour comprendre dans quel état d’esprit se trouvent nombre d’entre eux, il faut lire Un auteur de BD en trop de Daniel Blancou.
Autodérision et autofiction, cynisme et dépression
Blancou, qui signait des BD reportages de qualité, en a eu assez d’illustrer - je cite le personnage de son nouveau livre - "les conséquences de la grippe aviaire dans les Bouches-du-Rhône". Voici donc une comédie sur les rêves de gloire, les frustrations et la honte, dans laquelle ils sont beaucoup à se retrouver.
Je ne pensais pas faire une bande dessinée sur la précarité des auteurs. Le sujet était plus vaste. Je voulais parler du désir qu’on a de plaire, de tout ce qu’on est prêt à faire pour y parvenir. Là, mon double va jusqu’au plagiat. Mais la précarité est d’actualité, et remonte à la surface.
Daniel Blancou
Auteurs, éditeurs, journalistes, attachés de presse, responsables de grands festivals et organisateurs de petits salons : le milieu de la bande dessinée est ici caricaturé à la mèche de cheveux près. S’il n’est pas nécessaire d’en faire partie pour dévorer cet album aux couleurs pop et aux références graphiques entremêlées, les habitués reconnaîtront aisément les personnages croisés à tous les coins de page.
Le milieu de la BD est ambigu. Nous sommes souvent dans une relation très amicale avec les éditeurs. Dans la profession, on se tutoie quasi-automatiquement. Administrativement, les éditeurs sont nos clients. Dans les faits, ils fonctionnent comme nos employeurs. Entre auteurs, il y a beaucoup d’amitié, mais aussi de la concurrence et parfois de la jalousie.
Daniel Blancou
Larcenet a lui aussi des bleus à l'âme
Avec Un auteur de BD en trop, aux éditions Sarbacane, Daniel Blancou traite de la difficulté pour un dessinateur lambda de trouver son lectorat. À l’inverse, le nouveau Manu Larcenet parle des affres par lesquelles passe un auteur à succès qui doit rester au top. Surtout quand on est bipolaire, comme Larcenet, qui parle ici très ouvertement de ses problèmes de santé. Lui aussi choisit de mélanger les styles graphiques : le strip, le gag et la chronique du quotidien. Et de rire en couleurs de l’inspiration qui vous fuit. Tout est relatif, puisqu’il s’agit du premier volume d’une série à venir.
Manu Larcenet, Thérapie de groupe, tome 1: L'Étoile qui danse, chez Dargaud.
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