BD, bande dessinée. Deuil et tabous
Ingrid Chabbert et Carole Maurel s'attaquent en bande dessinée à un sujet impossible : le deuil de l'enfant à naître. Par nécessité, pour partager une histoire vécue.
Tourner la page du deuil
Deux femmes s’aiment, décident d’avoir un enfant, l’une des deux va le porter, ça se passe mal, elle le perd avant terme. Le scénario est douloureux. D’autant plus douloureux que le récit est auto-biographique. En décidant de mettre sur la place publique son histoire personnelle, Ingrid Chabbert a bravé deux tabous de notre société : la famille homoparentale, encore difficilement acceptée, et le deuil périnatal. Pourtant, raconter ce drame intime s’est littéralement imposé à celle qui a déjà signé une soixante d’albums jeunesse.
Après avoir réussi à écrire, je me suis sentie extrêmement bien.
Ingrid Chabbert
Elle en fait donc une bande dessinée mise en images par Carole Maurel. Ecumes - c’est le titre-, est une histoire poignante, évidemment, qui dit le désir d’enfant, la joie de la maternité, le gouffre de la perte, mais aussi la reconstruction possible.
Quand j'ai reçu les premiers croquis, j'ai été submergée par un tsunami d'émotions. Puis, ce fut très doux.
Ingrid Chabbert
D’un naturel réservé, Ingrid Chabbert dit appréhender maintenant le regard des lecteurs. Elle espère que cette bande dessinée ne parlera pas qu’aux couples gays et à ceux qui ont connu le deuil de l’enfant à naître. La vie et la couleur finissent par l’emporter.
Ecumes, Ingrid Chabbert, Carole Maurel, chez Steinkis.
Tous les 15 jours, Jean-Christophe Ogier accueille ici la chronique "Info manga" de Laetitia de Germon. Pour vous guider parmi les nombreuses parutions, Laetitia vous livre sa sélection et ses coups de cœur.
Perfect world, de Rie Aruga, chez Akata
Tsugumi Kawana, à 26 ans, travaille au sein d'une entreprise de design d'intérieur. Un soir, lors d'une soirée de travail, quelle est sa surprise de retrouver autour de la table Itsuki Ayukawa, son amour de lycée ! Le jeune homme lui plaît toujours autant, mais au moment de partir, elle se rend compte qu'il est en fauteuil roulant. Pensant ne pas être capable (et avoir l'envie) de fréquenter un homme "au corps amoindri", la jeune femme va pourtant sentir quelque chose bouger en elle.
Ce manga est loin d'être un shojo classique. L'auteur nous livre une histoire prenante, très réaliste, où le handicap est abordé sans concession. La mangaka aborde l'acceptation du handicap, le poids du regard des autres : "Le combat n'est pas d'aimer un handicapé mais d'affronter avec lui les galères du quotidien." Avec Perfect world, Rie Aruga nous montre que dans la vie il faut toujours aller au bout de soi et ne jamais rien lâcher pour tenter de réaliser ses rêves, quelques soient les épreuves.
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