BD, bande dessinée. Des mangas remarqués
Tomino la maudite du Japonais Suehiro Maruo emporte le prix Asie ACBD 2021.
Traditionnellement, le premier week-end du mois de juillet est celui de la Japan expo, la grande fête du manga et de la pop culture asiatique. Cette année, pour cause de crise sanitaire, les portes du Parc des expositions de Paris-Villepinte sont restées fermées. Mais on lit de plus en plus de mangas.
Les productions asiatiques recherchées par les lecteurs
Les libraires n’ont pas manqué de remarquer que le pass culture de 300 euros offert aux jeunes de 18 ans a bien souvent servi ces dernières semaines à compléter les collections de mangas. Et le CNL, le Centre national du livre, constate, dans une étude confiée au spécialiste Xavier Guilbert, que si les ventes des BD de genre ont reculé de près de 10% en dix ans, celles des mangas ont bondi de pratiquement 60% sur la même période.
L’horreur et l’amour primés
C’est dans ce paysage que l’ACBD, l’association des journalistes et critiques spécialisés en bandes dessinées, vient de dévoiler cette semaine son Prix Asie 2021. Il couronne le diptyque Tomino la maudite de Suehiro Maruo, sous le label Saka des éditions Casterman.
Tomino la maudite, c’est l’histoire de Shoyu et Miso, des jumeaux abandonnés alors qu’ils étaient bébés, et qui, maltraités par les adultes et martyrisés par les enfants, seront vendus à un cirque qui collectionne les phénomènes de foire. Le récit joue de la difformité des personnages pour parler d’amour. On y retrouve les obsessions de l’auteur, considéré comme un maître de l’ero-guro qui mêle l'érotisme à des éléments macabres et grotesques. C’est aussi une parabole sur le Japon des années 1930 et 1940, qui connaîtra bientôt l’enfer de la bombe atomique. C’est d’un trait extrêmement raffiné que Suehiro Maruo met en scène l’horreur et le malheur.
Tomino la maudite, chez Casterman, Prix Asie ACBD 2021.
Dans la sélection du Prix Asie AC BD, à retenir encore : L’Enfant ébranlé. C’est un manhua, une bande dessinée chinoise. L’auteur, Tang Xiao, y brosse le portrait d’un écolier, bon élève, qui tente de pallier par l’écriture et le jeu l’absence d’un père peu soucieux de son fils.
L’Enfant ébranlé de Tang Xiao, chez Kana.
Enfin, également remarqué, dans la même sélection, L’Attente, de la coréenne Keum Suk Gendry-Kim. S’inspirant de la vie de sa propre famille, l’autrice retrace le destin douloureux d’une femme que la guerre et la partition du pays a séparé pour toujours de son mari et de son enfant. Une page d’histoire intime,
L’Attente, aux éditions Futuropolis.
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