BD, bande dessinée. Blutch, Robber, Tif et Tondu
Le dessinateur Blutch et son frère Robber reprennent à quatre mains les aventures du duo de choc "Tif et Tondu". En conservant l'esprit de leur série d'enfance, avec la maestria de la bande dessinée la plus contemporaine.
La maison Dupuis possède l’un des plus beaux catalogues de bandes dessinées pour enfants. Mais ses séries les plus emblématiques datent de l’âge d’or de la BD franco-belge. Ça commence à dater. Pour faire revivre un patrimoine en jachère, rien de mieux que de proposer à un auteur à succès de reprendre à son compte les héros d’hier.
Vrais et faux frères
Blutch, le dessinateur le plus hype de la scène française, a accepté de mettre son crayon au service du duo Tif et Tondu, né en 1938. Et pour inventer une histoire d’antiquaire véreux et de comtesse kidnappée, il a fait appel à son frère Robber, avec qui il partageait cette lecture d’enfance. Blutch, le bavard et Robber le timide.
J’ai tout de suite pensé à mon frère, une encyclopédie vivante du polar. Il en écrit par ailleurs. Chaque livre est un travail sur soi-même. Ce qui change là, c’est le rapport étrange entre ce duo de personnages qui sont des faux frères et le duo des auteurs, de véritables frères qui se retournent tous les deux sur leur vie commune, enfantine, l’intimité qu’ils ont partagée à un moment donné.
Le dessinateur Blutch
Tif et Tondu sont des amis d’enfance. Sans mentir, j’ai lu 'Sorti des abîmes' 100 fois. Ça a été un plaisir de leur insuffler de la vie.
Le scénariste Robber
L’analogie va plus loin. Robber est barbu comme le personnage de Tondu, le plus sérieux et Blutch, chauve comme Tif, le fantasque.
Enquête, filature et fantastique poétique
Dans leur création Mais où est Kiki ?, on retrouve les deux héros rondouillards et baraqués en "justiromanciers", signant des dédicaces entre deux coups d’éclat. Faux-semblants surréalistes et dialogues virevoltants, courses poursuites et crises de nerf, ça grimace et sa s’énerve, ça s’agite et ça défouraille. On y retrouve le fantastique poétique qui était la marque du scénariste Maurice Rosy et les cascades automobiles chères à Maurice Tillieux et aux jeunes lecteurs des années 1960.
Je ne suis pas tout à fait d’accord quand vous dites que c’est une série enfantine. Dans Tif et Tondu, il y a une part de séduction entre les personnages. Les héros ont des rapports ambivalents avec Kiki - Tif est un gros dragueur - et il y a des morts, des cadavres, une noirceur qui m’avait sauté aux yeux quand j’étais jeune lecteur.
Blutch
Tif et Tondu, N° 46, Mais où est Kiki ? Blutch et Robber, aux éditions Dupuis.
Les deux frangins signent aussi chez le même éditeur un court roman L’Antiquaire sauvage, prélude amusant à la bande dessinée.
Parallèlement, sous le label Niffle, toujours aux éditions Dupuis, paraît une version noir et blanc de L’Ombre sans corps, un Tif et Tondu période Tillieux et Will, daté de 1969, et commenté par le journaliste belge, Hugues Dayez.
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