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BD, bande dessinée. Baru, au nom des siens

À 73 ans, le dessinateur Baru, chantre de la classe ouvrière, rend hommage aux immigrés italiens qui ont fait qu’il soit aujourd’hui français. La bande dessinée "Bella Ciao" comptera trois volumes de 130 pages.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Baru, l’ode de toute une vie à la classe ouvrière, à la jeunesse et à l’Italie de ses parents (BARU, FUTUROPOLIS / BARU, CASTERMAN / BARU, CASTERMAN)

Baru a toujours chanté la classe ouvrière dans le décor de ses années de jeunesse, en Lorraine. Il y revient pour un projet qui allie la fiction et les réflexions les plus personnelles.

Nom de famille : Barulea

Quand on lui demande d’où il vient, le dessinateur Baru, répond du tac au tac : "De la capitale du monde, Villerupt"… avant d’ajouter : "Personne ne connaît, évidemment, sauf ceux qui y vivent."  Parmi ceux-là, nombre d’Italiens, de Polonais, d’Algériens, venus travailler dans ce coin de Lorraine quand les hauts-fourneaux avaient besoin de bras.

Né Hervé Barulea, Baru est fils d’Italiens. Son père a été naturalisé français en 1936, comme en attestent les documents reproduits dans sa nouvelle BD, Bella Ciao, parue chez Futuropolis, dans laquelle il a entrepris, à 73 ans, de rendre hommage aux gens de peu dont il est issu. Un travail de mémoire culturelle, mais avant tout, un travail de mémoire de classe.

Traité de Rital ou de sale Macaroni, j’ai subi la queue de la comète xénophobe vis-à-vis des Italiens en France. Mais ce qui me chagrinait le plus, c’était d’être méprisé par les jeunes gosses de bourgeois qui me renvoyaient à mes origines sociales.

le dessinateur Baru

De fait, de Quéquette Blues aux Années Spoutnik, de L’Autoroute du Soleil à L’Enragé, Baru brosse, album après album, un portrait de la classe ouvrière. Cette fois, pourtant, il insiste sur l’histoire de l’immigration.

Aujourd’hui, on nous vend l’immigration italienne comme le parangon de l’intégration à la française. Ça se serait très bien passé, la preuve, on ne les voit même plus. Ça masque un déni : le prix que ces gens-là ont payé pour devenir transparents.

Baru

Une histoire aussi vive que douloureuse

Bella Ciao s’ouvre sur le massacre des Italiens, le 17 août 1893, aux Salines d’Aigues-Mortes. 10 tués, et malgré l’arrestation des assassins pratiquement pris sur le fait, pas vraiment de condamnation. Puis, Baru collecte les souvenirs des unes et des autres, raconte les engagements politiques, note les recettes de cuisine et ses propres réflexions.

Bella Ciao est un patchwork qui courra sur trois volumes. Aux éditions Futuropolis.

Du même Baru, les éditions Casterman éditent l’intégrale de la série pour enfants et adolescents, Les Années Spoutnik, et, au format poche, le road movie, L’autoroute du Soleil  qui avait valu à Baru le prix du meilleur album à Angoulême en 1996, avant que l’auteur ne soit consacré grand prix de la ville, en 2010, pour l’ensemble de son œuvre.

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