Cet article date de plus de deux ans.

Les jumeaux virtuels de l'océan

Une simulation numérique va permettre dans un proche avenir d'affiner nos connaissances internationales sur les océans afin d'anticiper notamment certains phénomènes météo extrêmes. Les précisions de Bertrand Chapron, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer. 

Article rédigé par franceinfo, Catherine Pottier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les océans et leurs jumeaux numériques ? L'économie bleue est une véritable source d'espoir. (Illustration) (ABOUDOU ALI / EYEEM / GETTY IMAGES)

La simulation numérique peut devenir un outil précieux pour mieux connaître l'océan. L'an passé, les Nations Unies ont lancé la décennie de l'Océan et du 9 au 11 février prochains, de nombreux scientifiques vont se retrouver à Brest pour le "One Ocean Summit", un grand sommet international voulu par Emmanuel Macron.

Les océans auront-ils bientôt leurs jumeaux virtuels ?

L'économie bleue est aujourd'hui une formidable source d'espoir, reconnue par les politiques, c'est pourquoi de grandes initiatives nationales et internationales vont être lancées pour développer de nouveaux outils qui permettront de mieux appréhender l'Océan. C'est le cas des jumeaux numériques.

L'idée est de collecter un maximum de données, de les regrouper et de les modéliser afin de mieux comprendre le fonctionnement et l'évolution des océans.

"Ce brassage de données, simulées ou observées, est une révolution."

Bertrand Chapron, chercheur à l'IFREMER

à franceinfo

Le chercheur de l'IFREMER, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, explique que toutes les données physiques et chimiques seront intégrées, mais également les informations sur l'atmosphère, qui est en interaction permanente avec l'Océan.

L'activité humaine sera également prise en compte car on sait que nous avons une influence très forte sur l'Océan, sur son réchauffement, son acidification et sur sa capacité d'absorption du dioxyde de carbone.

Grand vent sur la mer de Béring en Alaska. (Illustration) (JACOB MAENTZ / CORBIS DOCUMENTARY RF / GETTY IMAGES)

Des jumeaux pour quoi faire ?

"On sait que les évènements météorologiques ont des conséquences très importantes sur notre quotidien, mais aussi sur l'évolution des espèces et l'écologie des systèmes", explique Bertrand Chapron.

Nous disposons actuellement d'outils précieux, car les progrès ont été très importants en quelques années dans les modèles atmosphériques, mais la future simulation numérique mise au point avec l'ensemble des observations fournies au niveau international, va permettre d'affiner encore plus la connaissance, afin d'anticiper certains phénomènes météo extrêmes par exemple.


Bertrand Chapron croit beaucoup à la nécessité d'impliquer les citoyens dans ces observations et ces remontées d'informations. "Ces outils numériques pourraient permettre une meilleure compréhension des interactions de l'homme avec l'Océan et l'atmosphère". Selon lui, c'est un moyen pour mieux faire comprendre à tous et à toutes l'importance de l'Océan sur l'évolution du climat.


L'observation est aussi un outil précieux pour tenter d'expliquer certains phénomènes de pollution par exemple. On peut citer la prolifération des sargasses de l'Atlantique par exemple aux Antilles. Ces phénomènes encore mal expliqués affectent le développement des organismes marins et perturbent l'activité économique liée au tourisme, d'où l'utilité de comprendre les mécanismes pour tenter d'y apporter une solution.

Un pari nécessaire mais ambitieux

La coopération internationale sur les océans devrait accélérer la mise au point de ces jumeaux numériques qui seront des outils précieux pour les chercheurs et les citoyens. "Un défi en plusieurs étapes", reconnaît Bertrand Chapron.

Dans le cadre des projets européens, il y a déjà des modèles numériques sur l'état de notre climat et d'ici 2030, une série d'actions et d'initiatives scientifiques portées par les Nations Unies se proposent de retrouver un océan en bonne santé.

L'ambition de prendre en compte et de coupler toutes les interactions bio-géophysiques et physico-chimiques demandera plus de temps, estime le chercheur qui cible les deux prochaines décennies.

Consultez lamétéo
avec
voir les prévisions

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.