Pays réel et pays légal
L'insécurité, la violence et la haine qui
gangrènent certains quartiers de certaines villes françaises où les lois de la République sont bafouées, les flics interdits de cité et même parfois des gamins massacrés pour un regard de travers ou un clope non donnée, le pouvoir ne peut pas ne pas réagir. Policièrement. Politiquement. Médiatiquement.
Dans la terrible affaire d'Echirolles, la machine policière
et judiciaire s'est donc mise en route avec les arrestations au petit jour, les
supers flics cagoulés et le ministre de l'intérieur Manuel Valls dans les
parages pour assurer "l'après vente médiatique" avec une conférence
de presse à chaud. Ce n'est plus Claude guéant, mais ça y ressemble forcément.
Autre séquence médiatique, quand le président
Hollande, en visite sur les lieux est interpellé par une femme à sa
fenêtre : "on est où ici ? C'est devenu le Texas". Et
quand le président répond : "sécurité, justice et réussite, c'est ce
que je suis venu apporter". Ce n'est plus Nicolas Sarkozy, mais ça y
ressemble forcément.
Bien sur les mots sont différents. Hollande ne parle ni de "racaille" ni de "Karcher". On a changé les dialogues
et les acteurs mais le scénario est identique. Dans un climat pourri, devant
une forêt de micros et de caméras, le contact improbable entre la France d'en
bas, (le pays réel) et la France d'en haut, (le pays légal).
Plus les sondages qui placent toujours la sécurité dans le
trio de tête des préoccupations des Français, derrière le chômage et la santé.
Plus les meurtres en série à Marseille. Plus les camps de Roms démontés ou
attaqués. Plus les profs tabassés par leurs élèves. Dans ce contexte, il sera
bien difficile au président Hollande de ne pas se mettre à ressembler rien qu'un
peu à Sarkozy. Et rien ne prouve qu'il faille s'en plaindre.
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