Pas de photo avec Marion
La gêne perceptible sur certains visages rappelait les gags
de la "caméra invisible". Et quand il a fallu, par nécessité
protocolaire que les élus viennent à croiser la jeune Marion, quelques uns lui
ont serré la main. D'autres l'ont saluée d'un regard. De nombreux autres sont
passés sans la voir, en apnée. Et la plupart ont détourné les yeux. Du
genre : pas elle, pas ça, pas moi et surtout pas sur la photo !
Bref un étonnant exercice d'immaturité démocratique. On peut
penser et dire ce qu'on veut du Front National. Le débat sur les valeurs a tout à
fait lieu d'être. Et il importe, toujours et encore, de mettre le point sur le
i du mot démocratie. Mais ça passe par le débat d'idée, le combat idéologique
qui gagnerait à être policé par ce programme minimum qu'on appelle le respect.
Le Palais Bourbon n'est pas un lieu anodin. C'est le poumon
de la démocratie. Il doit être un espace d'exemplarité. Ce qui ne signifie pas
aseptisé. Mais entre le mépris et le bisounours il y a un mi-chemin que les
députés seraient bien inspirés de trouver. Ou alors on considère que les élus
du FN ne sont pas républicains. Et dans ce cas que font-ils dans le palais de
la République ?
De plus si (comme l'a évoqué le Président Hollande), une
dose de proportionnelle venait à changer le mode de scrutin pour la prochaine
législature, les supposées mauvaises rencontres vont se multiplier au Palais
Bourbon. Il y a comme une urgence à réapprendre les fondamentaux du débat
politique et du pluralisme. Le seul candidat qui ne mérite pas d'entrer à
l'assemblée a un nom. Il s'appelle "anathème".
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