Les grand'messes paiennes de la campagne
Comme à la messe, il
y a la foi, évidente et contagieuse de tous ces fidèles joyeusement rassemblés
dans cette sorte d’église de substitution que constitue la salle omnisport ou
le Palais des congrès ou le gymnase intercommunal dans lesquels se tiennent les
réunions politiques des candidats.
Il y a l’autel en
forme de pupitre où trône le principal officiant et d’où il prononce son sermon
dont les propos sont bus par l’assistance comme paroles d’évangile.
Il y a la liturgie
qui varie selon les chapelles et les candidats. Sur fond bleu foncé pour
Sarkozy et Hollande, bleu pâle pour Bayrou, vert pour Eva Joly et rouge pour
Mélenchon.
Il y a
l’élévation (des débats) plus ou moins évidente selon les officiants. Il y a la
prière pour la victoire où il suffit de changer quelques mots, "mes chers
amis" au lieu de "mes bien chers frères", "camarades"
au lieu de "fidèles", "militants" au lieu "d’apôtres",
"sympathisants" au lieu de "disciples".
Il y a la communion
de l’assistance, et les chants repris en chœur, généralement La Marseillaise,
l’Internationale étant légèrement passée de mode.
Il y a cette
curieuse manie que les braves gens prennent toujours à la messe de regarder qui
est là, qui est au premier rang, mais surtout qui n’est pas venu à l’église.
Tiens Borloo n’est pas venu, mais il y a Depardieu et Bernadette.
Enfin, dernier point
commun entre le meeting politique et la messe : ils sont l’une et l’autre
télévisés. Mais si Le jour du Seigneur sur France 2 a une audience marginale, les réunions
publiques des grands prêtres de la présidentielles battent des records
d’audimat sur la TNT. Et c’est à la fin qu’on comptera les croyants, les
pratiquants et les mécréants. Ite missa est.
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