Les dieux du stade sont mortels
Leurs bras ressemblent à nos cuisses. Ils mesurent tous 20 ou 30 centimètres de plus que nous, chaussent du 46, dépassent les 100 kg, mais galopent comme des lapins. Bref ils respirent la santé et paraissent invulnérables à l’image des All Blacks, lorsqu’ils pratiquent leur danse du scalp, le fameux « Haka ».
Pourtant, hier à l’entrainement, les All Blacks étaient porteurs d’un message inhabituel. « Jonah, sois fort ! ». Message adressé à leur ancien joueur vedette, l’immense Jonah Lomu, athlète colossal, mais malade en sursis, greffé du rein depuis 2004 et ré hospitalisé à Auckland depuis samedi.
De même quand les Springboks sud-africains entrent sur le terrain, ils songent à leur ancien demi de mêlée, champion du monde, Joost van der Westhuizen, athlète fabuleux, mais malade en sursis, atteint à 40 ans de la maladie de Charcot qui le condamne à mort, à coup sur, d’ici 3 ou 4 ans.
Alors oui, les supermen fauchés par la maladie, comme nous tous, comme tout le monde…ca nous rappelle que l’invulnérabilité n’est qu’une apparence et que la santé est un mythe. On songe aux mains soudain tremblantes du boxeur Cassius Clay, rattrapé par un Parkinson… à la jambe amputée du gardien russe de légende, Lev Yachine, fauché par le cancer… et à l’élégant champion cycliste Laurent Fignon… cancer, lui aussi.
Évidemment que les dieux du stade meurent aussi ! Ce n’est ni un scoop, ni une injustice. Ils ne sont pas plus à plaindre que les quidams qui quotidiennement souffrent des mêmes maux ! Mais à contempler leurs exploits avouons qu’on a tous cru, quelques instants à l’immortalité. C’est au moment où ils commencent à périr que les champions deviennent humains. Trop humains.
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