Le dernier des éléphants
Pierre Mauroy, dont les initiales annonçaient la couleur fut
le premier Premier ministre de Mitterrand, de 81 à 84, quand il était question
de "changer la vie" et de "passer de l'ombre à la lumière".
Les excès idéologiques et romantiques de l'alternance post giscardienne
auraient pu transformer Mauroy en collaborateur irresponsable d'un Président à
la carrure écrasante. Au contraire, Mauroy fut un homme d'état solide et
clairvoyant, un socialiste généreux mais lucide, un homme de souffle et de
convictions mais toujours proche des gens et sympathique, d'ou son surnom
indélébile de "gros quinquin".
Et pour tout dire, on l'aimait bien, y compris ses
adversaires. Et quand le patron de l'UMP Jean-François Copé salue "un
homme qui avait su gagner l'estime de chacun", il ne s'agit pas de la
langue de bois version sapin toujours utilisée pour des obsèques mais de la
vérité vraie.
Mauroy fut le socialiste généreux des grandes réformes
sociétales et sociales. Abolition de la peine de mort, semaine de 39 heures,
retraite à 60 ans, décentralisation. Mais aussi le social démocrate assez
pragmatique pour initier le tournant de la rigueur et convaincre Mitterrand de
ne pas quitter le système monétaire européen.
A bien des égards, Mr Mauroy était bien plus moderne que
nombre des ténors socialistes qui sont aujourd'hui aux affaires. En quelque
sorte le "dernier des éléphants" à la façon du "dernier des
Mohicans". Des comme ca on n'en fait plus. Le moule a été cassé. De tous
les Premiers ministres socialistes, il fut avec Rocard l'un des plus brillants
et l'on n'aura pas la cruauté de la comparer à son actuel successeur.
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