La gauche retrouve un tribun
On connaissait depuis longtemps les facilités oratoires du député
de Corrèze. On le savait à l’aise dans ces grand-messes païennes qu’on appelle "meetings".
Mais, s’agissant d’une entrée en campagne électorale, devant une cohorte de
militants surchauffés, une brochette d’éléphants roses pas forcément
bienveillants et une noria de caméras pas si complaisantes que ne le dit l’UMP,
c’était pas gagné. Et pourtant il l’a fait. Hollande a brillamment passé
quelque chose qui a du lui rappeler le grand oral de l’ENA.
Pour les épreuves écrites, le chiffrage programmatique, la
déclinaison quotidienne des grands thèmes esquissés hier à la tribune du
Bourget et pour l’épreuve quasi éliminatoire du ou des débats télévisés, on
verra plus tard.
N’empêche : le 22 janvier 2012, Hollande a accompli une
performance comparable à celle de Sarkozy le 14 janvier 2007 porte de Versailles.
Avec De Gaulle, Mitterrand, Jean Marie Le Pen et Charles Pasqua, toutes
tendances confondues et toutes proportions gardées, le candidat socialiste et
le président sortant font partie de ce qu’on appelle les "tribuns".
Ils parlent bien, ils aiment la foule. Ils savent comment lui plaire, la
séduire, la manipuler.
Réussir un grand discours tient à la fois de l’épreuve
initiatique, du rituel incantatoire et de la mise en scène artistique. Sur les
trois registres, sur ce qu’on a vu et entendu hier, le challenger s’est placé
au niveau du tenant du titre. Il a donné au décollage de sa campagne le souffle
nécessaire. Nécessaire mais évidemment pas suffisant. Tous les artistes savent
qu’un premier concert réussi ne garantit nullement le succès d’une tournée. Et
qu’un brillant soliste a besoin d’un bon orchestre et d’une grande partition.
Et là, tout reste à faire.
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