L'essentiel est de participer
Dans la conjoncture
actuelle on pourrait même affirmer que l'information est la seule activité non
menacée de récession.
Quand les suspects
de la double tuerie d'Echirolles sont arrêtés et menottés, les caméras sont là,
convoquées dès potron-minet. Quand à Marseille, la police des polices
perquisitionne les locaux des ripoux présumés de la BAC, les gentils enquêteurs
nous donnent aussitôt la liste complète de ce qu'ils ont trouvé dans les faux
plafonds de leurs collègues : de la drogue, des bijoux et du grisbi.
Quand Madame Dati qu'on
a connue autrefois bien plus discrète entame une procédure de reconnaissance en
paternité contre le supposé papa de sa fille, les documents sont aussitôt publiés.
Quand DSK a une nouvelle copine, on nous la montre illico. Quand Delarue
succombe à un cancer, rien ne nous est épargné des querelles sur l'héritage et
le lieu de sépulture.
Ne parlons pas des
affaires politico-financières pour lesquelles le secret de l'instruction est
mort depuis longtemps et dans d'atroces souffrances. Ne parlons pas non plus de
la mise en scène quasi hollywoodienne qui a présidé à l'interpellation des
méchants handballeurs de Montpellier au stade Pierre de Coubertin. Lequel Coubertin disait : "l'essentiel est
de participer".
Et c'est vrai :
tout le monde participe à cette orgie médiatique qui constitue désormais notre
pain quotidien. On peut s'en inquiéter quand on songe que les seins nus de la
duchesse Kate suscitent davantage de commentaires que les plans sociaux
provoqués par la crise. On peut aussi se dire que, malgré ses excès, la libre
circulation de l'information est une aubaine démocratique dont la société ne
pourrait se passer qu'au prix des plus grands dangers.
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