Analyse de sondages "capillotractée"
L’exemple d’hier
sautait aux yeux et barrait la Une de Libération avec ce titre agressif et
définitif : "30% des Français n’excluraient pas de voter Le
Pen ". Comme dirait l’autre, c’est du brutal. Du moins si on s’en tient au
titre. Car si on vérifie le détail du sondage, ça n’est plus tout à fait la
même musique. A la question "si le premier tour avait lieu dimanche
prochain, pourriez-vous voter pour Marine Le Pen ? ", 8% des
personnes interrogées répondent : "oui, CERTAINEMENT" et 10% "oui PROBABLEMENT" . Ce qui fait un total de 18%. 18% auxquels Libé
ajoute les 12% de Français qui répondent "non, PROBABLEMENT PAS ". Et là, ca fait 30%.
Dans le doute Libération
ne s’abstient pas. Le "probablement pas " est interprété comme un
"on ne sait jamais" et les indécis rangés du côté des électeurs possibles
ou potentiels de Mme Le Pen qui n’en demandait pas tant et qui sans doute n’en
a pas tant.
Alors, sans faire de
leçon à quiconque. Sans aller jusqu’à parler de manipulation ou de faux sens,
disons que c’est une présentation de sondage "capillotractée ", autrement-dit tirée par les cheveux.
Ca s’appelle jouer
avec les chiffres. On peut tout faire dire aux statistiques. Ca rappelle une
vieille plaisanterie sur la sécurité routière. Si 34% des accidents mortels
sont provoqués par des conducteurs qui ont trop bu, ca veut dire que 66% sont
causés par des chauffeurs qui eux n’ont rien bu. Conclusion, les conducteurs
sobres sont deux fois plus dangereux que les ivrognes.
Evidemment c’est
idiot. A peu près aussi peu rigoureux que de transformer des
"probablement non " en "pt’ être bien qu’oui ". Alors, ce
sera le slogan du jour : Oui aux sondages. Non au capillotractage.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.