"Oligarque" d'Elena B. Morozov

Oligarque se veut un portrait robot, celui d'un oligarque russe tels qu'ils existent aujourd'hui. Le portrait et le parcours de l'oligarque imaginé par Elena B. Morozov pourrait être celui de beaucoup d'oligarques réels : un être hybride, un peu Abramovitch, un peu Khodorkovski, un peu Berezovsky, et d’autres encore...

Et dans ce roman de pure fiction, nous suivons l’ascension de Grigori Yurdine, jeune orphelin de la Russie soviétique en pleine décomposition, jusqu’aux plus hautes sphères de la finance internationale décomplexée. Un demi-siècle d'une vie qui  accompagne la chute d’un monde ancien :  l'Urss et la naissance d’un monde nouveau, celui impitoyable et cruel de la Russie d’Elstine, et ensuite de Poutine. 

Elena B. Morozov nous raconte la vie de Grigori Yurdine né dans la Russie communiste dans la ville de Perm, dans l‘Oural, aux confins de la Sibérie. L’intelligence, le sens des affaires et des soutiens, lui permettent de profiter de la faillite de l'état russe des années 90. Et Yurdine va devenir un homme d’affaires, un industriel puissant, grâce à la violence et à la manipulation, jusqu'à ce que son passé et le régime de Poutine le rattrapent.

Thriller politico-financier et roman d’apprentissage

Oligarque est un peu des deux. Fouillé, précis, le roman évolue entre fiction et moments d’histoire bien réels, la crise des subprimes notamment, et des personnages historiques qui ont existé. Et l’auteur nous rappelle au passage que l’argent inodore des oligarques russes a sauvé des établissements financiers britanniques.

Quant à l'auteur, Elena B.Mozorov, elle ou il est totalement anonyme, et l’écrivain refuse de livrer la moindre information sur son parcours. Banque, finance, diplomatie ou service secret. Elle ou il ne donne des interviews que par mail et sans aucune précision sur son profil. 

En tout cas Oligarque tombe à point nommé pour comprendre une partie de l'histoire de la Russie, depuis la chute de l'Urss, et ça rappelle aussi un autre roman de Benoît Vitkine : Les Loups publié aux Arènes. Vitkine qui dressait dans Les Loups, l'arrivée au pouvoir en Ukraine d'une oligarque qui, elle aussi, doit faire oublier une partie de son passé plutôt trouble.  

Et dans Les Loups, on retient cette phrase d'un personnage du roman : "Il y a pire qu'un oligarque russe, c’est un oligarque ukrainien".