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De la seconde Guerre mondiale à la télé-réalité

Cette semaine, nos libraires nous font traverser l'Allemagne nazie, la France de Vichy et nous invite à nous projeter dans un monde où les médias et les fanatismes religieux ont pris le pouvoir.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Sigmaringen , de Pierre Assouline, aux éditions Gallimard

En septembre 1944, un petit coin d'Allemagne nommé Sigmaringen, épargné jusque-là par les horreurs de la guerre, voit débarquer, du jour au lendemain, la part la plus sombre de la France : le gouvernement de Vichy, avec en tête le maréchal Pétain et le président Laval, leurs ministres, une troupe de miliciens et deux mille civils français qui ont suivi le mouvement, parmi lesquels un certain Céline. Pour les accueillir Hitler a mis à leur disposition le château des princes de Hohenzollern, maîtres des lieux depuis des siècles. Tout repose désormais sur Julius Stein, le majordome général de l'illustre lignée. Depuis les coulisses où il œuvre sans un bruit, sans un geste déplacé, il écoute, voit, sait tout. Tandis que les Alliés se rapprochent inexorablement du Danube et que l'étau se resserre, Sigmaringen s'organise en petite France.
Coups d'éclat, trahisons, rumeurs d'espionnage, jalousies, l'exil n'a pas éteint les passions. Certains rêvent de légitimité, d'autres d'effacer un passé trouble, ou d'assouvir encore leurs ambitions. Mais Sigmaringen n'est qu'une illusion. La chute du IIIe Reich est imminente et huit mois après leur arrivée tous ces Français vont devoir fuir pour sauver leur peau. De ce théâtre d'ombres rien n'échappe à Julius Stein. Sa discrète liaison amoureuse avec Jeanne Wolfermann, l'intendante du maréchal, le conduira à sortir de sa réserve et à prendre parti.

Seul dans Berlin , de Hans Fallada, aux éditions Denoël

Mai 1940, Berlin fête la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d'un immeuble modeste de la rue Jablonski. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C'est Frau Rosenthal, Juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C'est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quangel, désespérés d'avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers. Aucun roman n'a jamais décrit d'aussi près les conditions réelles de survie des citoyens allemands, juifs ou non, sous le IIIe Reich, avec un tel réalisme et une telle sincérité.

Punk Rock Jésus , de Sean Murphy, chez Urban Comics Editions

Dans un futur proche, la maison de production OPHIS tient le sujet de son prochain programme de télé-réalité : filmer la vie de Jésus Christ. Recréé génétiquement à partir des traces ADN du suaire de Turin, le clone du Messie grandit sous le regard avide des caméras et d'une Amérique subjuguée par ce qu'elle pense être la troisième Venue du Christ. Quelques années plus tard, l'expérience tourne court lorsque l'adolescent entre en révolte totale contre le système et devient le prophète d'une autre Amérique. Punk Rock Jesus est la nouvelle création de Sean Murphy (Joe, l'aventure intérieure). Fruit de sa réflexion sur l'Amérique et sa culture, ce récit d'anticipation jette un éclairage sans concession sur l'influence des médias et les dangers des fanatismes religieux de tous bords. Radical et documenté, le propos est néanmoins tempéré par l'intelligence de son auteur et sa volonté de questionner le lecteur sur ses propres croyances. Dessinateur au trait précis et détaillé, Sean Murphy développe en quelques centaines de pages un nouveau monde parfaitement crédible, tout en déconstruisant le notre, pièce par pièce.

S'abandonner à vivre , de Sylvain Tesson, aux éditions Gallimard

Devant les coups du sort il n'y a pas trente choix possibles. Soit on lutte, on se démène et l'on fait comme la guêpe dans un verre de vin. Soit on s'abandonne à vivre. C'est le choix des héros de ces nouvelles. Ils sont marins, amants, guerriers, artistes, pervers ou voyageurs, ils vivent à Paris, Zermatt ou Riga, en Afghanistan, en Yakoutie, au Sahara. Et ils auraient mieux fait de rester au lit.

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