"Usage raisonnable" de l'avion, privatisation d'ADP, manque de personnel pour les JO : ce qu'il faut retenir de l'interview du PDG du groupe, Augustin de Romanet

"Il faut revendiquer un usage raisonnable" de l’avion, a estimé sur franceinfo le PDG d'Aéroports de Paris, Augustin de Romanet. "Il est de la responsabilité de ceux qui peuvent faire le choix du train plutôt que de l'avion de faire ce choix, ou éventuellement de renoncer à tel ou tel voyage qui serait inutile", assure-t-il. Voici ce qu'il faut retenir de son interview.

Il "faut laisser au transport aérien le soin de réaliser la mutation qu'a réalisé l'automobile par exemple"

Augustin de Romanet a conscience des défis qui attendent le secteur de l'aéronautique mais, selon lui, il "faut laisser au transport aérien le soin de réaliser la mutation qu'a réalisé l'automobile par exemple." Oui, le secteur doit assumer sa part pour le PDG qui ne veut toutefois pas assumer seul les conséquences du réchauffement climatique : "Je rappelle que le secteur de l'aérien ne représente que 3% des émissions de CO2, c'est moins que le stockage d'emails ou certaines activités de streaming de vidéos par exemple. Je veux dire que ce secteur n'est pas moins responsable des émissions de CO2 mais il ne l'est pas plus", argumente-t-il.

Il plaide ainsi pour le développement de l'avion à hydrogène, estimant que les aéroports doivent se préparer à devenir des "hubs d'hydrogène". "C’est le défi de tout l’écosystème du transport aérien de se verdir, c’est le prix de sa survie", affirme le PDG d'ADP. Selon lui, il en va aussi d'une "responsabilité individuelle". "Il faut revendiquer un usage raisonnable" de l’avion, estime-t-il, sans vouloir "faire la morale".

"Il est de la responsabilité de ceux qui peuvent faire le choix du train plutôt que de l'avion de faire ce choix, ou éventuellement de renoncer à tel ou tel voyage qui serait inutile."

Augustin de Romanet

à franceinfo

Climat ➡️ “Devrait-on, au motif qu’on travaille dans une activité qui doit réduire ses émissions de CO2, ne pas tenir compte de l’urgence climatique ?”, précise Augustin de Romanet. “Il est de la responsabilité de ceux qui peuvent prendre le train de faire ce choix.” pic.twitter.com/zpVaxyCwHJ

— franceinfo (@franceinfo) September 30, 2022

Crise de l'énergie : ADP annonce l'ouverture de centrales solaires

Concernant la facture énergétique d'un groupe tel qu'ADP qui ne gère pas seulement les aéroports parisiens mais une vingtaine d'aéroports en tout à travers le monde, le PDG explique qu'elle "n'est pas très significative aujourd'hui au regard de tous [leurs] coûts." Pourquoi ? Parce que le groupe a "des contrats d'approvisionnement à long terme" d'une part, et d'autre part parce qu'il finance la "construction de centrales solaires exclusivement dédiées à la consommation du groupe ADP", ce qui permet au groupe "d'avoir pour une fraction de [leur] consommation électrique des prix garantis sur 20 ans".

Preuve de cet investissement pour Augustin de Romanet : l'inauguration le 6 octobre dans le Gard d'"une centrale solaire financée par notre accord avec une compagnie d'énergie solaire" et dont la production "sera dédiée au groupe ADP". "C'est un investissement pour l'avenir", se félicite-t-il.

Privatisation d'ADP : "À ce stade, aucune demande de réenclencher ce processus"

C'était l'un des dossiers chauds de l'avant-Covid : le projet de privatisation du groupe Aéroports de Paris annoncé par le gouvernement. "La loi Pacte qui organise la faculté pour le gouvernement de céder ses parts étant promulguée, le gouvernement a la faculté de faire ce choix. À ce stade, il ne m'a pas fait part de ce souhait", détaille Augustin de Romanet. 

Cependant, on ne peut pas en conclure que le projet qui avait mobilisé plus d'un million de citoyens lors d'un référendum d'initiative partagée est complètement abandonné. "Au moment où je vous parle, je n'ai été saisi d'aucune demande de l'Etat de réenclencher ce processus", a encore précise le PDG d'ADP.

Les chiffres de l'aéronautique : un trafic presque à la normale et un manque de personnes pour les JO

Les prévisions pour 2023 estiment que le trafic sera "entre 85 et 90% du trafic" d'avant Covid, "mais peut-être qu'au second semestre on commencera à voir les impacts de croissance modérée", reconnaît Augustin de Romanet.

Autre sujet : le manque de personnel. "Il y a toujours des recrutements en cours", a rappelé le PDG d'ADP. "Sur le papier, non" il n'y aura pas assez de candidats pour pourvoir tous les postes nécessaires à l'accueil des voyageurs pour les JO de 2024. "Nous avons identifié ce risque", assure-t-il.

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" d'Augustin de Romanet face à Neïla Latrous et Lorrain Sénéchal du vendredi 30 septembre 2022 :