Réforme des retraites, sécheresse, pesticides... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Marc Fesneau
Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, était l'invité du 8h30 franceinfo, mardi 9 mai 2023. Projet de loi Liot sur les retraites, sécheresse, pesticides... Il répond aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.
Proposition de loi du groupe Liot contre la réforme des retraites : "Je ne suis jamais inquiet du débat au Parlement"
Questionné sur la proposition de loi du groupe Liot pour abroger la réforme des retraites qui sera examinée à l'Assemblée le 8 juin, le ministre de l'Agriculture répond : "J'ai été ministre des relations avec le Parlement. Je ne suis jamais inquiet du débat au Parlement". Concernant le dépôt d'amendements par la majorité, il questionne : "Est-ce qu'on a le droit quand on est dans la majorité de dire qu'on n'est pas d'accord ? À partir de combien d'amendements, on considérera que c'est une obstruction ?" Toutefois, le ministre affirme vouloir "débattre", entend que le groupe Liot "revienne de 64 à 62 ans" pour l'âge de départ à la retraite, mais ajoute : "Et alors ils financent ça comment ?" Concernant le vote de cette loi, Marc Fesneau ne se prononce pas : "On verra", lance-t-il, en fonction de la durée des débats.
Sécheresse : "Si on ne peut pas planter d'arbres, si on ne peut pas planter de vignes, je ne sais pas ce qu'on plante en fait"
Face au manque de pluie et à la menace de la sécheresse en France notamment à l'approche de l'été, le ministre s'est exprimé, ciblant les Pyrénées-Orientales : "On a un sujet terrible dans un département comme celui-là, pas simplement la perte de récolte, mais parfois la perte des arbres fruitiers eux-mêmes." Pour le ministre, la question est donc : "Est-ce qu'on arrive à construire un modèle qui permet de maintenir de l'arboriculture ? Si on ne peut pas planter d'arbres, si on ne peut pas planter de vignes, je ne sais pas ce qu'on plante en fait". Il l'affirme, "on a besoin d'un système économe en eau". Il faut donc le penser, selon lui, "dans chaque territoire avec le potentiel de pluie qui va tomber" tout en se demandant si "les productions sont adaptées à la pluviométrie" du lieu.
Piscine : "Personne ne comprendrait qu'on dise 'aucune interdiction sauf pour les agriculteurs'"
Face à cette situation de manque de pluie et de sécheresse, Marc Fesneau souhaite un "effort collectif". "Personne ne comprendrait qu'on dise 'aucune interdiction sauf pour les agriculteurs'". Les particuliers sont donc également visés par les mesures de restriction d'eau, notamment les propriétaires de piscines. Dans les Pyrénées-Orientales, la vente des piscines hors-sol a été interdite : "Pour tout le monde, la règle va être la même dans un certain nombre de départements en manque d'eau". Pour le ministre, ce "n'est pas une insulte aux gens que de dire qu'on a besoin de prioriser l'eau potable cette année et les usages essentiels".
Egalim : "Si Michel-Edouard Leclerc n'est pas favorable, il faut se demander si la mesure ne porte pas son intérêt"
Concernant la mesure de la loi Egalim - critiquée notamment par Michel-Edouard Leclerc - qui oblige les grandes surfaces à revendre 10% plus cher qu'elles ne les ont achetés les produits alimentaires, le ministre de l'Agriculture réagit : "Si Michel-Edouard Leclerc n'est pas favorable, il faut se demander si la mesure ne porte pas son intérêt", ironise-t-il. Le ministre explique ensuite ne pas avoir le même combat que l'homme d'affaires : "Le sien, c'est 'Plus le prix est bas et mieux c'est', sauf que plus le prix est bas et plus on fait disparaître les producteurs et on se retrouve dans la situation de perte de souveraineté". Toutefois, Marc Fesneau n'a pas "envie de faire de lui un bouc émissaire", il rappelle seulement que "chacun peut faire sa part et la grande distribution aussi."
Anses, pesticides et S-métolachlore : nous ne pouvons pas "prendre des décisions comme si nous étions une île déserte"
"Je ne reproche rien à l'Anses (l'Agence de sécurité sanitaire)", affirme le ministre, questionné sur l'Agence qui a récemment interdit les principaux usages du S-métolachlore, puissant herbicide controversé. "Je dis juste que dans un espace européen, [nous ne pouvons pas] prendre des décisions comme si nous étions une île déserte", juge le ministre qui insiste sur le fait que "ce n'est pas l'Anses qui est en cause". Il se défend de toute attaque envers l'Agence : "Vous ne m'avez jamais vu remettre en cause les avis de l'Anses sur son fondement scientifique. Jamais. Je n'ai pas la compétence et ce n'est pas mon tempérament".
Questionné plus précisément sur le S-métolachlore, il répond : "On a une décision devant nous qui est une décision européenne. Si c'est un produit qui pose des problèmes, je pense que ce n'est pas idiot que ça se passe dans l'espace européen parce que les produits européens traversent la frontière." Pour le ministre, sur ce type de sujet il faudrait "mieux se coordonner", peut-être "regarder les alternatives qu'on a devant nous" et mettre en place une meilleure "planification".
Nouvelle conseillère en communication : "Je peux aussi prendre un chanteur d'opérette, comme ça, il n'y aura pas de risque de conflit d'intérêts"
Le ministre de l'Agriculture a depuis peu une nouvelle conseillère en communication. Un sujet qui fait débat puisqu'il s'agit de l'ancienne directrice de la communication de l'Ania, principale organisation des industriels de l'agroalimentaire. Marc Fesneau, lui, se défend de tout risque de conflit d'intérêts : "Je peux aussi prendre un chanteur d'opérette, comme ça, il n'y aura pas de risque de conflit d'intérêts, et on n'aura pas de procès en conflit d'intérêts". L'association anti-corruption Anticor a pointé ce recrutement du doigt. Marc Fesneau brandit de son côté la carte de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui a donné son aval : "Sur chaque nomination dans un ministère, elle vous donne un avis et vous dit c'est compatible ou ce n'est pas compatible", rappelle-t-il, et "il n'y a pas beaucoup d'endroits dans le monde où ça se passe comme ça". Toutefois, cette nouvelle conseillère "ne peut pas entrer en contact avec son précédent employeur, et c'est normal", assure Marc Fesneau.
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