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Prix des carburants, inflation dans l'alimentaire, négociations avec les industriels, Nutri-Score... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Thierry Cotillard

Le président du groupement Les Mousquetaires était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 11 mai 2023.
Article rédigé par franceinfo
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Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires, était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 11 mai 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Thierry Cotillard, président du groupement Les Mousquetaires - Intermarché, était l'invité du 8h30 franceinfo, jeudi 11 mai 2023. Prix des carburants, inflation dans l'alimentaire, négociations avec les industriels, Nutri-Score... Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.

Carburants : "Pour les indépendants qui auraient un peu dérapé, je leur fais confiance pour qu'ils se remettent au prix juste"

Après l'enquête de l'association de consommateurs CLCV qui affirme que les marges pratiquées dans les stations-services ont pratiquement doublé en un an, Thierry Cotillard a été interpellé sur le sujet. Il affirme "faire confiance" à ses indépendants pour que "ceux qui auraient un peu dérapé se remettent au prix le plus juste". Il déclare également que "ce n'est pas le cas chez Intermarché" et qu'il a "vérifié avant de venir". Selon lui, il faut "2% de marge, pas plus, pour être compétitif". Et précise : "3 centimes en général, c'est la marge qu'un distributeur doit sortir sur un litre d'essence".

Hausse des prix dans l'alimentaire : "Ça va encore continuer à augmenter"

Face à la hausse de près de 15% des prix depuis un an dans l'alimentaire, Thierry Cotillard l'affirme : "Malheureusement, ça va encore continuer à augmenter". Le pic est attendu "à fin juin et on l'estime à 17%", annonce-t-il. Pas de baisse possible, selon lui, si les industriels ne jouent pas le jeu : "Soit on est en capacité d'obtenir des industriels des baisses de leurs tarifs pour les répercuter sur les consommateurs, soit il ne se passe rien". Malgré tout, le président "a l'espoir d'obtenir 2-3 points de baisse pour que l'inflation termine en fin d'année à 15 points". Questionné sur la déclaration de son concurrent Michel-Edouard Leclerc qui dit qu'on ne reviendra jamais aux prix d'avant, il répond : "Je dis la même chose. On mettrait l'économie en danger si on revenait au point de départ, il y a 18 mois", parce que tout coûte plus cher en France.

Négociations avec les industriels : "On veut obtenir des industriels des baisses de tarifs"

"Aujourd'hui, on veut faire le chemin inverse et obtenir des industriels des baisses de tarifs", déclare Thierry Cotillard qui affirme avoir "envoyé un courrier aux industriels". Une lettre sans réponse pour le moment selon lui. Il ajoute qu'aucun industriel n'a accepté pour l'heure de rouvrir les négociations avec lui : "Zéro réponse". "L'intérêt de voir Bruno Le Maire ce jeudi, c'est de voir si on met en place quelque chose de plus contraignant. On demande une charte - comme l'année dernière - pour que les industriels reviennent à la table des négociations pour baisser leurs prix". Ce jeudi à 11h45, le ministre de l'Économie et des Finances reçoit les représentants de la grande distribution.

Panier anti-inflation : "Le name and shame permettra de faire bouger les lignes"

Olivia Grégoire, ministre déléguée au commerce, menace de citer les industriels et les marques qui refusent de baisser les prix. Une démarche saluée par Thierry Cotillard. Il estime que le "name and shame" permettra "de faire bouger les lignes et d'obtenir des baisses de tarifs". Concernant le panier anti-inflation, le président constate "que ça marche". Il rappelle que ses enseignes proposent "500 produits de marque distributeur" dont les prix ont été baissés de "5 à 15%". Thierry Cotillard parle donc de "stratégie" pour faire "venir les clients sur ces produits d'appel sur lesquels on ne gagne pas grand-chose et on a 14 000 références à côté sur lesquelles on a nos marges normales".

À la question de savoir s'il compte poursuivre cette opération, le président des Mousquetaires est très clair : "En ce qui concerne Intermarché, vu le succès, on va prolonger l'opération au moins sur les produits qui sont issus de nos outils de production. Pour les marques nationales, on attend des baisses des industriels". Enfin, à propos des fournitures scolaires, le président se veut rassurant : "La bonne nouvelle, c'est que l'inflation sur ces produits de rentrée des classes est beaucoup moins importante. On les a achetés il y a un an et c'est de l'ordre de 4 à 5% voire 3% selon les références, donc beaucoup moins violent que pour les produits alimentaires".

Nutri-Score : "Oui, rendons-le obligatoire"

Thierry Cotillard s'est dit favorable à l'obligation du Nutri-Score sur tous les produits : "82% de nos produits ont le Nutri-Score et moi, je serais favorable, oui, rendons-le obligatoire". 320 scientifiques européens demandent à la Commission européenne de rendre justement ce Nutri-Score obligatoire. Ils rappellent que la Commission européenne s'était engagée en 2021 à proposer un logo d’information nutritionnelle obligatoire sur la face avant des emballages des aliments à l’échelle de l’UE d’ici 2023.

Incivilités : "La vraie nouveauté, c'est qu'on assiste à des vols de nos clients habituels"

"La vraie nouveauté depuis quelques mois, c'est qu'on assiste à des vols alimentaires de la part de nos clients qui peuvent être nos clients habituels", regrette le président d'Intermarché, questionné sur les incivilités dans ses magasins. Dans un contexte de hausses de prix et de difficultés financières pour un certain nombre de Français, l'enseigne s'est vue contrainte de "mettre des antivols sur des produits sensibles comme le poisson et la viande, c'est arrivé".

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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du jeudi 11 mai 2023 :

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