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Prix dans l'alimentation, marges, "shrinkflation", Nutri-Score... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Jean-Philippe André

Le président de l'Association nationale des industries alimentaires était l'invité du "8h30 franceinfo", mardi 28 février 2023.

Article rédigé par franceinfo
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Le président de l'Association nationale des industries alimentaires était l'invité du "8h30 franceinfo", mardi 28 février 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Jean-Philippe André, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), était l'invité du 8h30 franceinfo, mardi 28 février 2023. Prix dans l'alimentation, marges, "shrinkflation", Nutri-Score... Il répond aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.

Prix dans l'alimentation : "Les marques nationales augmentent de 12%" 

Alors que les négociations annuelles sur les prix entre les producteurs et la grande distribution doivent se clôturer mercredi 1er mars, le secteur vit "les heures les plus longues de l'année", selon Jean-Philippe André. Le patron de l'Ania précise que ces négociations ne sont "pas plus tendues" que les autres années, elles portent simplement sur "des enjeux différents". "Dans les années 2019-2020, on négociait sur 1 %, car les hausses de matières le justifiaient" mais "aujourd'hui, l'enjeu est de 10 %", explique-t-il.

Il estime qu'à "peu près 70 % des entreprises auraient déjà signé avec des demandes de l'ordre de 10 %" de hausse. Il compare, cela dit, "les marques nationales [qui] augmentent actuellement de 12 %" leurs prix, tandis que "les marques distributeurs augmentent de 18 %". Jean-Philippe André craint que cette inflation "à deux chiffres" continue "ainsi au moins tout le premier semestre". "Le jour où l'énergie et le packaging comme le verre et le carton se calmeront, à ce moment-là, on verra une accalmie sur les prix", avance-t-il.

>> Prix de l'alimentaire : entre industriels et distributeurs, c'est "très, très tendu", à quelques heures de la fin des négociations

Alimentation : "Entre 2021 et 2022, les marges" des industriels "ont baissé de 16 %"

"Les marges de l'agroalimentaire sur les dix dernières années se sont considérablement réduites", déplore. Une manière de répondre aux accusations lancées la veille par Dominique Schelcher, patron de Système U. Invité de France Inter lundi, il affirmait que sur un panier d'achats de 100 euros dans un de ses supermarchés, il "reste au commerçant entre 1,50 et 2 euros de marges finales" or "si vous dépensez 100 euros d'un produit de grande marque, il restera entre 10 et 15 euros de résultats à ces industriels".

Ce mardi, Jean-Philippe André met en avant différents chiffres sur franceinfo. Le président de l'Association nationale des industries alimentaires évoque ainsi un rapport "commandé par Bercy à l'Inspection générale des Finances", selon lequel "entre la période de 2021 et le premier semestre 2022, les marges des transformateurs de l'agroalimentaire ont baissé de 16 %".

Loi Egalim : le président de l'Ania plaide pour "maintenir" le seuil de revente à perte à 10 %

Jean-Philippe André plaide pour "maintenir" le relèvement de 10 % du seuil de revente à perte, imposé aux distributeurs sur les produits alimentaires par la loi Egalim 1. "Ce n'est pas trop, c'est bien", juge-t-il. Concrètement, cette mesure oblige la distribution à revendre au minimum tout produit alimentaire au prix auquel elle l'a acheté, majoré de 10 %. Ce dispositif, qui vise à une meilleure rémunération des agriculteurs, a été mis en place parce que la filière "a souffert d'un manque de profitabilité ces dernières années", explique le patron de l'Association nationale des industries alimentaires. Jean-Philippe André "espère qu'une partie de cette rémunération retourne aux agriculteurs". "Egalim a eu ce mérite de stabiliser un certain nombre de dérives baissières", salue-t-il.

Shrinkflation : "Ce n'est pas une arnaque, mais une défense" face à la hausse des coûts de production

La "shrinklaftion", cette stratégie commerciale par laquelle le prix d'un produit reste stable ou augmente, alors que sa quantité, elle, diminue, "n'est pas une arnaque", se défend le président de l'Association nationale des industries alimentaires. Jean-Philippe André explique que cela correspond "plutôt à une défense" face à la hausse des coûts de production. Il précise que les industriels ne peuvent pas répercuter cela sur le prix de vente, car "s'il dépasse un certain niveau, le consommateur va se détourner" du produit.

Le patron de l'Ania reconnaît, cela dit, qu'il "faut que sur le sachet, il y ait clairement écrit" le nouveau poids."Systématiquement, on encourage les gens à mettre qu'il y a moins de grammage", ajoute-t-il.

Nutri-Score : "On s'alignera tous là-dessus" le jour "où ce sera bien normé scientifiquement au niveau européen"

Alors que l'obésité continue d'augmenter en France, le président de l'Association nationale des industries alimentaires reconnaît que son secteur "a une part de responsabilité". Jean-Philippe André soutient toutefois que "des efforts incroyables ont été faits ces dix dernières années", notamment autour des recettes : "Il y a moins de gras et moins de sel", affirme-t-il.

Jean-Philippe André salue également les bienfaits du Nutri-Score. "C'est de l'éducation alimentaire et on est très porteur de travailler l'éducation alimentaire, l'équilibre alimentaire depuis le début, et notamment à l'école", avance-t-il. Selon l'Ania, "à peu près 700 à 800 entreprises ont déjà fait le choix du Nutri-Score". Son président, Jean-Philippe André, justifie la réticence des entreprises à l'égard de l'indicateur par sa méthode de calcul : "Les habitudes des Français ne sont pas toutes autour de 100 grammes", reproche-t-il.

Il pointe également du doigt le fait qu'un "petit salé est classé D ou E alors qu'un petit salé avec des lentilles va passer à B ou C". "On est pour un Nutri-Score et le jour où ce sera bien normé scientifiquement au niveau européen, on s'alignera tous là-dessus", promet Jean-Philippe André.

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