Pénurie de carburant, réquisitions de personnels, grève interprofessionnelle du 18 octobre... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Philippe Martinez
Le secrétaire général de la CGT était l'invité du "8h30 franceinfo" du vendredi 14 octobre 2022.
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, était l'invité du 8h30 franceinfo, vendredi 14 octobre 2022. Pénurie de carburant, réquisitions de personnels, grève interprofessionnelle du 18 octobre... Il répondait aux questions de Lorrain Sénéchal et Neila Latrous.
Grève chez TotalEnergies : "On est loin des 10%" réclamés par la CGT
Le compromis trouvé dans la nuit de jeudi à vendredi entre TotalEnergies et la CFDT et CFE-CGC prévoit "5% d'augmentation générale de salaires, plus la moyenne d'augmentations individuelles, plus l'évolution de la prime d'ancienneté, ce qui donne au total 7%", précise Philippe Martinez. Le secrétaire général de la CGT affirme que son syndicat "a donné un avis défavorable" aux propositions de la direction, avant de quitter la table des négociations aux alentours de "2h du matin".
Il justifie cette opposition au fait que "pour l'instant, 5% c'est loin des 10%" réclamés par son syndicat. En effet, la CGT demande "10% d'augmentation générale" avec une rétroactivité au 1er janvier pour prendre en compte "l'inflation" et "le partage des richesses car chez TotalEnergies l'entreprise se porte bien".
Réquisitions de personnels grévistes : "C'est une connerie"
Philippe Martinez juge "illégales" les réquisitions de personnels grévistes décrétées dans plusieurs dépôts de carburant cette semaine. Il a dénoncé directement auprès de la Première ministre Elisabeth Borne ces réquisitions, qu'il qualifie de "conneries". "C'est une atteinte au droit de grève", ajoute-t-il. Le secrétaire général de la CGT dénonce une "volonté au niveau européen de restreindre le droit de grève" et confirme que des référés seront déposés "évidemment" à chaque fois qu'une réquisition sera décrétée, alors que le référé déposé pour contester la réquisition de personnels du dépôt Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) a été rejeté par le tribunal administratif de Rouen ce vendredi.
"Les réquisitions sont uniquement justifiées quand il y a des problèmes sur les services d'urgence", explique Philippe Martinez. Il juge donc qu'"aujourd'hui la réquisition n'est pas justifiée parce que SOS Médecin ou les services d'urgence ne trouve pas d'essence". Il estime qu'il faudrait plutôt utiliser "les stocks stratégiques" qui "doivent servir à aider les services d'urgence" à s'approvisionner en carburant.
"On n'a pas de leçon de démocratie à recevoir d'Emmanuel Macron", lance Philippe Martinez
Mercredi soir, sur France 2, Emmanuel Macron en appelait à la "responsabilité" de la CGT dans le conflit social en cours dans les raffineries et dépôts de carburant de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil. Des propos dénoncés par Philippe Martinez qui estime que le chef de l'État "est à côté de la plaque", notamment "quand il renvoie dos à dos la direction de TotalEnergies et la CGT, en insistant un peu plus sur la CGT". "Quand une entreprise fait 10 milliards d'euros de bénéfices au premier semestre, quand un PDG s'augmente de 52% et que le président de la République ne pointe pas la direction de Total et son PDG, mais charge une organisation syndicale, c'est grave", juge Philippe Martinez.
Le patron de la CGT estime donc ne pas avoir "de leçon de démocratie à recevoir d'Emmanuel Macron". Il cite ainsi "la question des retraites" : "toutes les organisations syndicales se disent contre l'allongement de l'âge de départ à la retraite", explique Philippe Martinez. Il regrette également l'absence "de concertations" sur la réforme de l'assurance-chômage. "Maintenant il faut aller voir le gouvernement avec un dictionnaire pour savoir si nos définitions" de dialogue social "sont les mêmes", ironise-t-il.
Grève interprofessionnelle : "Je souhaite qu'il y ait beaucoup de monde en grève mardi"
"Tous les secteurs, publics comme privés" sont appelés à faire grève mardi 18 octobre lors d'une journée d'action interprofessionnelle, lance Philippe Martinez. S'il "souhaite qu'il y ait du monde en grève mardi, et avant si possible", il reconnaît que cela pourrait être "compliqué" pour certains salariés : "Il y a plus de précaires, plus de contractuels, plus d'intérimaires, plus de travailleurs et travailleuses liés à l'ubérisation", précise Philippe Martinez. Il estime par ailleurs qu'avec "la baisse du pouvoir d'achat, quand on n'arrive pas à vivre de son salaire avec un mois complet, une journée en moins c'est encore plus difficile".
Philippe Martinez assure avoir "alerté le gouvernement depuis des mois sur la question des salaires". Il pointe du doigt la loi sur le pouvoir d'achat du 16 août 2022 qui ne contenait "rien", selon lui "sur les salaires". Le secrétaire général de la CGT propose notamment "d'augmenter le Smic, de faire en sorte que les salaires évoluent automatiquement avec l'inflation, c'est du ressort du gouvernement". Philippe Martinez ne précise pas si cette grève sera nécessairement reconductible, expliquant qu'il "y aura des assemblées générales" pour décider.
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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du vendredi 14 octobre 2022 :
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