"Gaulois réfractaire au changement" : une "volonté de gratter pour faire réagir", selon Nicole Belloubet
La ministre de la Justice, invitée jeudi de franceinfo, a appelé à "dépasser les mots" après les déclarations d'Emmanuel Macron, la veille, lors d'un déplacement au Danemark.
"Je n’aime pas la polémique inutile. Il faut dépasser les mots", a réagi la ministre de la Justice sur franceinfo jeudi 30 août, après les propos d’Emmanuel Macron au Danemark, la veille, sur le "Gaulois réfractaire au changement". Le chef de l'Etat a vanté le "modèle danois" en faisant l'éloge de la "flexisécurité".
"Quand on change une habitude, c’est toujours difficile", a tenté d’apaiser la ministre et d'ailleurs, "la France n’est pas irréformable puisque nous la réformons", a-t-elle ajoutée. "Des mots peuvent être dits avec une certaine ironie. Avec un certain humour, avec parfois une volonté de gratter pour faire réagir", mais "ce n’est pas le ton global du discours", a-t-elle poursuivi.
"Il faut comprendre dans cette formule une forme d’ironie, qui n’est pas du tout conforme à la réalité. Le peuple gaulois n’existe plus depuis longtemps", a ajouté la garde des Sceaux qui tente de déminer les propos du chef de l’Etat sur le "peuple luthérien" ouvert aux transformations, et les Français "réfractaires" à ces changements.
Interrogée sur la succession de Nicolas Hulot, démissionnaire du ministère de la Transition écologique, Nicole Belloubet a cité les qualités qu'elle estime requises. La garde des Sceaux a estimé qu'il faut "quelqu’un qui ait une vraie fibre et une volonté d’agir, et qui s’insère dans ce projet gouvernemental".
Par ailleurs, invitée à faire le point sur l'affaire de la libération, "par erreur", d’un détenu présumé jihadiste en avril dernier, la ministre de la Justice a tenu à rassurer. "On sait parfaitement où il est", a-t-elle affirmé. "Je suis dans l’attente du rapport d’inspection que j’ai demandé. Il y a eu une erreur, je voudrais en comprendre l’ensemble des raisons, a-t-elle expliqué. Je voudrais comprendre pourquoi des systèmes d’alerte n’ont pas fonctionné. Je souhaite vraiment savoir si c’est une simple erreur de la personne en question. S’il y a des conditions qui ont provoqué cette erreur."
Le suspect est "sous contrôle judiciaire, il est extrêmement surveillé. Il doit se livrer à des pointages au commissariat deux fois par jour", a précisé la garde des Sceaux.
Évoquant la série de suicides de détenus, onze en huit mois, à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), la ministre a déclaré qu'"on ne résoudra pas la question des suicides en détention exclusivement par de nouvelles places de prison, même si ça peut y participer". "C’est un drame individuel, mais c’est aussi un drame collectif", a-t-elle souligné.
La garde des Sceaux promet "une attention très forte" sur cette question : "Nous devons accroître notre capacité à détecter et à travailler avec l’administration hospitalière."
Le projet de loi de programmation et de réforme pour la justice doit être présenté au Sénat en octobre. La garde des Sceaux mettra en avant la "refonte de la politique des peines et des nouvelles places de prison". Il y aura d’ici 2022, 7 000 nouvelles places de prison qui seront livrées, "mais d’ici 2022 nous engagerons la construction de 8 000 autres places (...) pour aboutir au 15 000 voulues par le président de la République. Mais, celles-là ne pourront pas être livrées en 2022", a détaillé Nicole Belloubet.
Regardez l'intégralité de l'entretien de Nicole Belloubet, ministre de la Justice, sur franceinfo le 30 août 2018.
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