Commémorations du 7-Octobre, livraisons d'armes à Israël, évolution du conflit au Proche-Orient ... le "8h30 franceinfo" de Dominique de Villepin
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 7 octobre 2024. Commémorations des attaques 7-Octobre, livraisons d'armes à Israël, avis sur la politique menée par Benyamin Nétanyahou, reconnaissane d'un État de Palestine... Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.
Emmanuel Macron "a eu raison" de se prononcer pour l'arrêt des livraisons d'armes à Israël
"Le président de la République française a tenu et a eu raison de dire que quand on appelle à un cessez-le-feu, on ne peut pas, dans le même temps, livrer encore des armes qui créent la mort", affirme l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin.
"On ne peut pas aller vers la paix sans parier sur la politique", ajoute-t-il. "À un moment donné, ne livrons pas des armes qui n'ont pas la vocation d'assurer la sécurité d'Israël, mais à apporter la mort à Gaza et au Liban", assure l'ancien Premier ministre, Dominique de Villepin.
"Quand on veut régler un conflit, on peut bien sûr, dans un premier temps, utiliser la force avec mesure, avec proportion, mais on ne peut pas aboutir et aller vers la paix sans utiliser la politique et la diplomatie", renchérit-il. Pour celui qui a dit "non" en 2003 en portant à l'ONU le refus de la France à une intervention armée en Irak, "la première étape du processus est de reconnaître l'État palestinien". "Pourquoi ? Parce qu'Israël doit montrer à tous qu'il a un objectif politique, que le but, ce n'est pas la guerre, la guerre n'est pas une fin", souligne Dominique de Villepin. "Il faut donner les moyens, sur les bases de l'Autorité palestinienne, à des interlocuteurs de surgir pour justement se substituer" au Hamas", a-t-il plaidé.
"Nous ne pouvons pas accompagner le rêve chimérique" de Benyamin Nétanyahou
"Nous ne pouvons plus cautionner les massacres qui se déroulent dans cette région et qui mettent en danger la région tout entière", déclare l'ancien ministre des Affaires étrangères Dominique de Villepin, alors que le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou demande le "soutien" de la France et des pays occidentaux. Selon Dominique de Villepin, "il en va de la crédibilité" de la France et de l'Union européenne. "Il y va aussi de notre sécurité, car ce qui se passe là-bas n'est pas sans conséquences sur ce qui se passe ici", poursuit-il.
"Le rêve chimérique de Benyamin Nétanyahou, nous ne pouvons pas l'accompagner", assure l'ex-Premier ministre. "Donc assurer et garantir la sécurité d'Israël, bien sûr, [mais] pas accompagner l'aventure engagée par Benyamin Nétanyahou", déroule-t-il.
7-Octobre : "Il n'y a qu'une douleur, qu'une humanité, qu'une souffrance"
"Cela fait 25 ans que notre planète se livre aux mêmes combats en combattant les mêmes erreurs", affirme l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin.
"Nous sommes une même humanité", fait valoir l'ancien ministre des Affaires étrangères, estimant qu'"il n'y a qu'une douleur, qu'une humanité, qu'une souffrance". "Peut-on tirer les leçons du passé ? Peut-on tirer les leçons de l'histoire ?", questionne-t-il. "Nos mémoires sont des mémoires partagées, nous ne pouvons pas mettre de côté les images des uns et des autres. Trop d'entre nous s'enferment dans leur douleur en oubliant la douleur des autres", poursuit-il.
Dominique de Villepin regrette "la tentation" en France "de faire de l'Algérie le bouc émissaire d'un certain nombre de nos problèmes"
Les relations diplomatiques entre Paris et Alger sont de plus en plus tendues. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment exclu à la télévision de se rendre en France et a accusé la France de génocide pendant la colonisation : "Cela fait malheureusement de longs mois, pour ne pas dire années, que l'on voit la relation avec ce grand pays ami frère qu'est l'Algérie, se dégrader jour après jour. De dégradation en dégradation, on en vient à des accusations qui, évidemment, dépassent et de loin, toute réalité" estime Dominique de Villepin.
Abdelmadjid Tebboune a dénoncé ceux qui veulent remettre en cause les accords de 1968 qui octroient un statut particulier aux Algériens en matière de droit de circulation, de séjour et d'emploi en France. C’est "devenu un étendard derrière lequel marche l'armée des extrémistes" en France, a déclaré le président algérien. "La tentation aujourd'hui, ici en France, c'est de faire de l'Algérie le bouc émissaire d'un certain nombre de problèmes. Et c'est particulièrement vrai en matière d'immigration. L'Algérie n'a pas à porter cela et nous avons à trouver avec les Algériens des réponses et des solutions", affirme Dominique de Villepin.
"Aujourd'hui, nous réglerons la question de l'immigration des Algériens détenus en centres de rétention administrative et que nous voulons renvoyer chez eux qu'en accord avec l'Algérie", explique-t-il, mais "cela implique le dialogue, ça implique le respect et ça implique la capacité d'assumer cette histoire qui est partagée et qui est si importante des deux côtés de la Méditerranée", ajoute-t-il.
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