Attentats déjoués pendant les JO, menace terroriste en France... le 8h30 franceinfo d'Olivier Christen
Après un été sous le signe des Jeux olympiques, quel bilan pour la sécurité en France ? Le procureur national antiterroriste, Olivier Christen est l'invité du "8h30 franceinfo" mercredi 11 septembre. Il répond aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.
Attentats déjoués pendant les JO
"Il y a eu trois attentats qui ont été déjoués", pendant la période des Jeux olympiques, affirme le procureur national antiterroriste Olivier Christen.
Le premier projet d'attentat visait les épreuves de football à Saint-Étienne, dans des "établissements de type bars, autour du stade de Geoffroy-Guichard", précise le procureur antiterroriste. Un jeune homme de 18 ans d'origine tchétchène a été mis en examen et placé en détention provisoire en mai. Le deuxième projet d'attentat consistait à s'en prendre notamment à des "institutions israéliennes ou représentations israéliennes", à Paris pendant la compétition. "L'équipe israélienne elle-même n'était pas spécifiquement visée", souligne-t-il. Enfin, "deux personnes originaires de Gironde avaient prévu de passer à l'attaque pendant la période des Jeux olympiques", détaille Olivier Christen. "Tous ceux qui ont projeté ces attentats ont été interpellés", ajoute-t-il. Ces projets d'attentats déjoués ont abouti à cinq mises en examen, dont un mineur.
Dans un contexte sécuritaire international compliqué avec une menace terroriste prégnante pesant sur la France, le procureur antiterroriste a précisé qu'il y avait eu "936 visites domiciliaires" en 2024, contre 153 en 2023.
La menace terroriste en France
La principale menace reste celle "jihadiste", assure le procureur national antiterroriste Olivier Christen. "Cela représente à peu près 80% des procédures ouvertes par mon parquet", précise-t-il.
"Sur le premier semestre 2024, nous avons à peu près trois fois plus de procédures en matière de contentieux jihadistes, qu'il n'y en avait eu sur la même période en 2023", affirme le procureur antiterroriste. Cet accroissement est lié au "contexte géopolitique, explique-t-il, avec l'organisation de l'État islamique qui est en train de se reconfigurer, notamment en Afghanistan". "Daech n'a pas disparu et diffuse beaucoup de propagande qui a un impact sur la population", et notamment "les mineurs", précise Olivier Christen.
Parmi les autres menaces, "il y a les différentes formes de terrorisme séparatiste", comme "le terrorisme corse qui a connu une résurgence au début de l'année 2023 avec notamment un mouvement, le GCC (Ghjuventù Clandestina Corsa), qui a pu être démantelé". "Cela fait que cette résurgence ne s'est pas reproduite à la fin de l'année 2023 et en 2024", poursuit-il. Olivier Christen cite également "quelques dossiers du terrorisme séparatiste basque ETA qui sont encore en cours, mais qui sont les suites de procédures ouvertes il y a un certain temps", ou encore des "dossiers liés au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui est une organisation terroriste dans son mode d'action et qui utilise le territoire français en général comme pour des moyens de financement".
Enfin, le procureur national note l'apparition des "mouvements ultra" pouvant constituer une menace terroriste. "C'est marginal par rapport à ce que je viens d'indiquer, mais nous avons quatre procédures qui concernent ces mouvances, dont trois sur l'ultradroite", fait-il savoir.
Les enfants de jihadistes
"Aujourd'hui, il y en a 364 qui sont sur le territoire, dans 59 départements", précise le procureur national antiterroriste. Ces enfants "sont suivis par des juges. Et aujourd'hui, ces enfants-là ne posent aucune difficulté particulière", assure Olivier Christen.
Le procureur national antiterroriste refuse de parler de bombe à retardement, comme l'avait évoqué en 2018 François Molins, ex-procureur de Paris en charge du terrorisme. "Ces 364 enfants ne paraissent pas aujourd'hui du tout répondre à cette expression et font l'objet d'un suivi appuyé", répond Olivier Christen. Il précise, par ailleurs, qu'"aucun des enfants rapatriés ne correspond aux mineurs mis en cause dans les affaires de terrorisme", suivies par le parquet antiterroriste.
L'intégralité de l'interview est à retrouver ici :
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