80 ans du Débarquement en Provence, reconnaissance de l'engagement des troupes africaines... Le "8h30 franceinfo" de l'historien Jean Garrigues

Jean Garrigues, historien et président de la Commission internationale d’histoire des assemblées, était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 15 août 2024.
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Jean Garrigues, historien et président de la Commission internationale d’histoire des assemblées, était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 15 août 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Jean Garrigues, historien et président de la Commission internationale d’histoire des assemblées, était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 15 août 2024. Les 80 ans du Débarquement en Provence, reconnaissance de l'engagement des troupes africaines, l'attente d'un Premier ministre... Il répondait aux questions de Brigitte Boucher et Benjamin Fontaine.

Le débarquement de Provence "est encore plus africain que français" :

Le Débarquement de Provence, le 15 août 1944 est un débarquement qui "est encore plus africain que français", rappelle l'historien Jean Garrigues, alors qu'Emmanuel Macron célèbre le 80e anniversaire de l'événement aux côtés de chefs d'État africains.

Le rôle des colonies a été "totalement majeur", dit l'historien. Après le débarquement des Américains, le 15 août, il y a eu "l'armée B, dirigée par le général de Lattre de Tassigny", retrace l'historien. Dans cette armée, "90% des troupes viennent de l'infanterie coloniale ou de l'infanterie d'Algérie, qui était la France à l'époque, donc 90% des troupes sont des Africains". Dans le détail, il s'agit "d'Africains du Nord, principalement, il y a aussi une partie d'Européens d'Algérie, mais essentiellement des musulmans d'Algérie. Mais aussi des troupes de l'Afrique subsaharienne, qui sont à peu près 10%". 12 000 soldats des Forces françaises libres (FFL) fidèles au général de Gaulle et 12 000 Corses ont également débarqué ce jour-là.

Une reconnaissance "tardive" :

La reconnaissance de l'engagement des troupes africaines par la France "a été tardive" et "a suscité des émeutes dès 1944 à Dakar", explique Jean Garrigues. Il raconte les "massacres par les troupes coloniales françaises" d'"émeutiers qui réclamaient des pensions à la hauteur de leur sacrifice". Depuis, "on voit de plus en plus une reconnaissance, surtout à partir du 50e anniversaire" du débarquement, observe-t-il.

Plus généralement, Jean Garrigues explique que ce débarquement a été victime d'un "tri mémoriel", au profit de celui du 6 juin, alors que "c'est un moment important". "Ce débarquement a accéléré de manière décisive le départ des Allemands. Il a été assez peu célébré alors même que pour le général de Gaulle c'était le plus important", pointe l'historien. En effet, contrairement à celui de Normandie, celui de Provence, "s'est fait avec les armées françaises".

L'attente d'un Premier ministre :

Attendre autant de temps entre des élections législatives et la nomination d'un Premier ministre "est inédit sous la Ve République", affirme Jean Garrigues, alors que la période de "trêve politique" souhaitée par Emmanuel Macron pendant les Jeux olympiques se poursuit avec les commémorations du débarquement de Provence. "L'intérêt du président de la République est que cette période dure au maximum, pour essayer de redorer sa popularité et légitimer les choix politiques qu'il est en train de faire", analyse l'historien.

L'historien rappelle qu'"il y a eu des formes de palinodies (changements d'attitude) de ce type sous la IIIe ou la IVe République, où untel était nommé, mais finalement renonçait". "Ça s'est déjà produit dans notre histoire, mais aussi longtemps, on n'a jamais connu", insiste-t-il.

Il ne parle pas pour autant d'"instabilité", parce que "vous avez un gouvernement qui assure la bonne marche des affaires de manière transitionnelle". Il prévoit cependant "une révolution culturelle à venir", car "les institutions de la Ve République sont taillées pour avoir une forte majorité présidentielle", et que "cette majorité n'existe plus". "Il faut trouver des solutions pour adapter la Ve République au nouveau champ politique divisé en trois, voire quatre forces", dit-il, rappelant que les Républicains sont le premier groupe parlementaire en prenant en compte l'Assemblée et le Sénat.

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du jeudi 15 août 2024 :

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