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Meeting d'Emmanuel Macron : Il ne faut pas faire "du Patrick Bruel", estime Pierre Moscovici

Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste de l'Économie invité lundi de franceinfo, n'a, en revanche, pas voulu se positionner pour un candidat à la primaire de la gauche. Mais il concède sa "sympathie" pour Vincent Peillon. 

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Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques et financières, invité de franceinfo lundi12 décembre (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste de l'Économie, invité de franceinfo lundi 12 décembre, n'a pas voulu exprimer de soutien à un candidat de la primaire. Il souhaite se prononcer pour le candidat "qui sera le plus constructif sur le plan européen".

L'Europe absente de la campagne 

Pierre Moscovici, Commissaire européen aux Affaires économiques et financières, estime sur franceinfo qu' "incontestablement, Emmanuel Macron", candidat à l'élection présidentielle, "incarne une proposition politique, une offre politique à laquelle il faut être attentif."

Lors de son meeting, samedi à Paris, Emmanuel Macron regrettait l'absence de l'Europe dans la campagne pour l'élection présidentielle. "Emmanuel Macron a tout à fait raison" sur l'Europe, a-t-il ajouté. "Je souhaite vraiment que la candidature de 2017 permette aux candidats de dire de la manière la plus claire ce qu'ils veulent pour la France en Europe. Ça doit être un référendum pour l'Europe cette élection présidentielle."

Pierre Moscovici a raillé l'exaltation de l'ancien ministre de l'Économie lors de son meeting parisien. Emmanuel Macron n'a pas hésité à porter la voix de façon excessive : "Quand on est devant un micro, il faut arriver à poser sa voix et pas casser la voix." Il ne faut pas faire "ni du Patrick Bruel, ni du Johny Hallyday. La politique est une affaire de substances", a-t-il dit. "Emmanuel Macron est d'ordinaire plutôt dans un registre pédagogique, là on voit que les meetings exaltent" a ajouté Pierre Moscovici.  Le Commissaire européen aux Affaires économiques et financières n'a pas voulu se prononcer pour un candidat à la primaire de la gauche.

Prendre position dans une primaire ce n'est pas mon rôle et je ne le ferai pas

Pierre Moscovici

à franceinfo

Pour autant, Pierre Moscovici n'a pas caché sa "sympathie" pour Vincent Peillon qui s'est déclaré candidat à la primaire de la gauche, dimanche 11 décembre au soir.  "Je peux avoir de la sympathie. J'en ai beaucoup pour Vincent Peillon, qui est absolument quelqu'un avec qui je me sens proche et avec qui j'ai de l'amitié. (...) C'est un social-démocrate comme moi, c'est un Européen comme moi mais il faut aborder cette campagne avec un esprit de rassemblement", a-t-il ajouté.

Pierre Moscovici a nié catégoriquement les informations du Canard enchainé selon lesquelles le Commissaire européen serait, avec Marisol Touraine et certains proches de Martine Aubry, derrière la candidature de Vincent Peillon: "Je n'ai pas suscité cette candidature. Il faut arrêter de penser comme s'il y avait des gens qui sont des marionnettes et d'autres qui sont des marionnettistes". Les informations du Canard enchainé "sont absolument, radicalement fausses. On parle de rencontres qui n'ont pas eu lieu, de propos qui n'ont pas été tenus", a-t-il insisté.

Durant cette campagne, le Commissaire européen sera attentif aux programmes des candidats: "Il y a une chose qui m'importe, moi": 'quel est le contenu européen des campagnes ? Je voterai à la primaire pour celui qui sera le plus constructif sur le plan européen. Constructif, cela ne veut pas dire béat. Ca veut dire lucide mais quelqu'un qui assume que la place de la France est au premier rang en Europe et que sans l'Europe la France est plus faible.'

Alep :  "Un devoir d'indignation absolue"

Pierre Moscovici appelle, sur franceinfo, à "un devoir d'indignation absolue" devant la situation à Alep en Syrie où "les violations des droits humains" sont "indescriptibles, insupportables".

Une délégation composée des trois députés français, Cécile Duflot (EELV), Hervé Mariton (LR), Patrick Menucci (PS) se trouve ce lundi 12 décembre en Turquie avec l'intention de se rendre en Syrie pour appeler à un cessez-le-feu immédiat et à l'évacuation des civils de la ville d'Alep. "Ce n'est ni monsieur Menucci, ni madame Duflot, ni monsieur Mariton, ni l'UE qui va y parvenir. Dire que l'Union européenne est absente, ce n'est pas exact. Il y a un problème pour la communauté internationale toute entière. Il y a un devoir d'indignation absolue", a-t-il expliqué.

"Nous sommes face à un drame. Ne faisons pas une utilisation politique de tout ça. Il est indispensable que toute la communauté internationale mobilise l'ensemble de ses ressources politiques, financières, d'indignation face à des violations des droits humains qui sont indescriptibles, insupportables", a-t-il ajouté.

Le Commissaire européen a tenu rappeler le rôle de l'UE dans le conflit en Syrie alors qu'on reproche à Bruxelles son immobilisme : "Je suis en sympathie avec ce que font ces députés mais il faut remettre les choses à leur place. L'Union européenne est la première contributrice en matière d'aide humanitaire en Syrie en général. C'est neuf milliards d'euros tout de même. L'UE contribue à la solution politique."

Football Leaks : "Des dérives qui ne sont pas acceptables" 

Pierre Moscovici juge "choquant", sur franceinfo, le scandale d'évasion fiscale organisée, révélé par plusieurs médias européens dont Médiapart, qui impliquerait des joueurs de football professionnels dont l'attaquant international portugais Cristiano Ronaldo.

Cristiano Ronaldo "a droit à la présomption d'innocence", mais si c'est "effectif, je trouverai ça choquant", a-t-il dit. "L'exemplarité doit s'appliquer à toutes les personnes qui incarnent quelque chose pour la jeunesse, un responsable politique ou un footballeur."

Le Commissaire européen a pointé le rôle des intermédiaires: "Vous avez des jeunes qui confient leurs intérêts à des conseillers financiers qui leur font faire de choses qui sont inacceptables. (…) Il y a un problème de l'économie du football que nous devons traiter", a estimé Pierre Moscovici. Le rôle des intermédiaires "doit être mis à jour et doit être dénoncé quand il conduit à induire de la fraude fiscale. Leur jeunesse, parfois liée à une forme de cupidité, aboutit à des dérives qui ne sont pas acceptables", a-t-il ajouté.


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