Jean-Christophe Cambadélis : une majorité absolue LREM ne serait "pas une bonne chose" car Emmanuel Macron "veut gouverner seul"
Invité sur franceinfo lundi 29 mai, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti socialiste, a estimé qu'une majorité absolue LREM ne serait "pas une bonne chose" car Emmanuel Macron "veut gouverner seul".
"Je serai un président jupitérien", disait Emmanuel Macron dans le JDD dimanche. Invité sur franceinfo lundi 29 mai, Jean-Christophe Cambadélis y voit le point de désaccord majeur avec le président de la République, lequel défend l’idée d’un pouvoir vertical et de concentration des pouvoirs, là où le premier secrétaire du Parti socialiste se voit davantage "jacobin".
Sur l'opportunité d'une cohabitation, Jean-Christophe Cambadélis estime, comme François Mitterrand en son temps, qu'il n'était pas bon de donner une trop forte majorité au président de la majorité. Si Emmanuel Macron devait supporter une cohabitation avec la droite, le premier secrétaire veut croire qu'il se retournera vers la gauche, permettant par exemple d'éviter la suppression de postes de fonctionnaires, ou une refonte du code du travail...
Cambadélis estime qu'en cohabitation, Macron "se retournera vers la gauche" et pourrait "mettre un peu de gauche dans sa dérive droitière" pic.twitter.com/hTt2tIX7Fj
— franceinfo (@franceinfo) 29 mai 2017
Selon lui, Emmanuel Macron "ne veut pas de cohabitation et de coalition" et "veut gouverner seul". "Emmanuel Macron estime que le problème de la société française et du blocage politique est le fait qu'il n'y ait plus de possibilité de verticalité, c'est à dire, on donne un ordre et il est appliqué. Ce n'est pas comme cela qu'on règle le problème d'une société fragmentée", a-t-il expliqué.
Une majorité absolue ne serait pas "une bonne chose"
Jean-Christophe Cambadélis a mis en garde le chef de l'Etat sur cette conception du pouvoir : "Il veut une majorité à l'Assemblée nationale pour pouvoir décider, et être l'homme qui décide seul. Cette dimension du pouvoir personnel, vous verrez que dans quelques mois ou quelques années, reviendra en boomerang". Le premier secrétaire du PS, a estimé qu'une majorité absolue de députés En Marche ! à l'Assemblée nationale ne serait "pas une bonne chose" car "ça renforcera" cette notion de "verticalité". "Pourquoi on veut une majorité absolue ? Pour ne pas avoir des contestations à l'Assemblée nationale. Déjà l'Assemblée nationale n'a pas beaucoup de possibilités dans notre régime présidentiel mais là elle sera muette", a-t-il ajouté.
La situation est "intenable"
Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires, est dans la tourmente après les révélations du Canard enchainé sur le supposé avantage dont aurait bénéficié sa compagne lors d'une transaction immobilière quand le ministre dirigeait les Mutuelles de Bretagne. Le Premier ministre Edouard Philippe a rappelé sa "confiance" au ministre et candidat aux législatives. Pour Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, "la situation est intenable". "Il doit prendre en compte que cette situation est intenable, a-t-il expliqué. On passe plus de temps à discuter de cela que de la réforme du droit du travail."
Doit-il alors démissionner ? "Oui, évidemment, je l'ai déjà dit trois fois, a réaffirmé le premier secrétaire du Parti socialiste. Ça ne sera pas un scoop." Jean-Christophe Cambadélis a annoncé qu'il votera "avec plaisir" le projet de loi sur la moralisation de la vie publique mais souligne qu’il se verra confronté "au problème de monsieur Ferrand", dont il propose le départ.
Cambadélis "fasciné par la fascination" pour le "succès" diplomatique d'E. Macron, ironise sur "la diplomatie à coup de poignées de main" pic.twitter.com/XmoO7Pg7YB
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Plus tôt dans le calendrier, Emmanuel Macron reçoit aujourd'hui Vladimir Poutine au château de Versailles. La visite, controversée, a suscité de nombreux commentaires : sur ce point, Jean-Christophe Cambadélis estime que s’il faut respecter Vladimir Poutine, il juge néanmoins qu’on "met un peu trop les petits plats dans les grands".
"Je trouve normal qu'on respecte le président de la Russie même si parfois on met un peu trop les petits plats dans les grands. Il faut essayer de maintenir le dialogue avec lui", a-t-il expliqué. "Il faut respecter Vladimir Poutine mais si je suis en désaccord à peu près sur tout", a-t-il ajouté. L’homme a profité pour rappeler la position de la France vis-à-vis du président Poutine : "La position de la France est que nous avons des désaccords sur de nombreux sujets mais nous respectons ce pays. Il faut dans la communication diplomatique tenir les deux bouts."
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