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Cadence accélérée à Assemblée nationale : "Ce n'est pas un fonctionnement normal", concède François de Rugy

Le président de l'Assemblée nationale, invité mercredi de franceinfo, a reconnu que la cadence dans l'hémicycle avait besoin de ralentir. "On n'a pas été assez réaliste du coté du gouvernement sur l'inscription des textes", a-t-il jugé. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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François de Rugy, président de l'Assemblée nationale.   (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, invité mercredi 6 juin de franceinfo, a souhaité "un ordre du jour plus raisonnable", alors que la cadence dans l'hémicycle est critiquée à la fois par des députés et par des assistants parlementaires. "Je partage le souhait de beaucoup de députés d'avoir un ordre de jour plus raisonnable et plus organisé", a réagi le président de l'Assemblée nationale. "Ce n'est pas un fonctionnement normal, a-t-il reconnu, souhaitant mettre de l'ordre dans l'ordre du jour."

"On n'a pas été assez réaliste, notamment du côté du gouvernement, puisque que c'est le gouvernement qui définit prioritairement l'ordre du jour en France, sur l'inscription des textes", a jugé le député de Loire-Atlantique, au perchoir de l'Assemblée depuis juin 2017. "Je souhaite qu'on ne siège plus le week-end", a-t-il ajouté. 

François de Rugy a aussi pointé les amendements qu'il juge trop nombreux en donnant des exemples. "La loi logement qui est en débat, 66 articles, 3 000 amendements. Les 3 000 amendements, ce n'est pas le gouvernement qui en est responsable. (...) C'est une dérive qui est à l'oeuvre depuis de nombreuses années en France", a-t-il expliqué. "Il y a un bras de fer entre le gouvernement qui veut inscrire des textes, qui veut les faire passer, c'est normal, c'est son travail, c'est sa mission et avec les groupes d'opposition qui déposent un très grand nombre d'amendements. C'est une sorte de 'à qui cèdera le premier sur l'ordre du jour'. Ce n'est pas sain", a-t-il ajouté.

"Dans le futur, il y a des choses qu'il faudra réformer dans la Constitution, dans notre règlement, avec un calendrier législatif prévisionnel sur six mois", a souhaité François de Rugy. Il a regretté que "pour la rentrée de septembre, le gouvernement n'a absolument pas dit" quels étaient les textes qui seront mis à l'ordre du jour". "Je souhaite qu'un certain nombre de textes soient examinés qu'en commission, ensuite qu'il y ait le vote global sur l'ensemble du texte en séance plénière", a-t-il aussi proposé.

"Des explications entre des députés et le Premier ministre"

"Il y a eu des explications entre des députés, exprimant parfois des points de vue différents, et le Premier ministre", a confirmé Français de Rugy, à propos d'une réunion la veille du groupe des députés LREM. Des critiques qui portaient "beaucoup sur les méthodes de travail", a-t-il précisé. Le quotidien Le Parisien s'est fait l'écho mercredi d'une réunion houleuse où certains députés ont dénoncé une politique trop à droite. "On veut toujours faire 'rerentrer' la grille de lecture de la vie politique française dans le clivage gauche-droite. La réforme de la SNCF, certains vous diront voilà une réforme de droite, de libéralisation, d'autres pourraient vous dire c'est pour relancer le service public ferroviaire", a expliqué François de Rugy. "Il faut être attentif à ce que pensent les électeurs. Il ne faut pas changer de pied au gré des sondages, mais il faut toujours être à l'écoute", a-t-il estimé.

François de Rugy a demandé de la patience. "Sur l'aspect de solidarité et de rénovation de notre système social pour qu'il soit plus efficace, il y a une attente. En effet pour l'instant, ce sont des chantiers auxquels le gouvernement n'a pas encore commencé à s'attaquer", a-t-il indiqué. "La loi sur la formation professionnelle va permettre de donner de nouveaux droits aux salariés, aux chômeurs (...) C'est une loi de solidarité plus efficace. Peut-être que cela modifiera l'appréciation de certains électeurs" de gauche", a-t-il ajouté.

Sortie du glyphosate : "pas de doute" sur l'engagement d'Emmanuel Macron

Le président de l'Assemblée nationale a estimé que "le message aurait été plus clair" si l'interdiction du glyphosate avait été inscrite dans la loi Agriculture et alimentation. "On dit qu'on veut interdire le glyphosate, on fait une loi sur l'agriculture et l'alimentation, on le met dans la loi, cela relève du bon sens pour beaucoup de Français, a-t-il jugé. "Pour autant, je ne mets pas en doute (...) la parole et du président de la République, et du ministre de l'Ecologie, et du ministre de l'Agriculture qui est de dire, on va trouver le moyen, filière par filière, de sortir du glyphosate."

Autre sujet qui fâche les écologistes, le projet de mine d'or industriel en Guyane : "Si vraiment il y a trop de dégâts avec ce projet sur l'environnement, il faut mieux ne pas le faire, même si on doit se priver pour cela d'une ressource", a estimé François de Rugy. "Je ne sais pas si c'est un bon ou un mauvais projet. Je n'ignore pas les critiques environnementales qui sont faites, a-t-il précisé, même si "je ne suis pas ministre de l'Ecologie, député de Guyane, élu local en Guyane."

Par ailleurs, alors que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologiste, a laissé entendre, sur France Inter, qu'il restait au gouvernement, le président de l'Assemblée nationale a estimé que c'était "une bonne nouvelle".

Regardez l'intégralité de l'entretien de François de Rugy sur franceinfo le 6 juin 2018.

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