"Aucune obligation de répondre" pour les migrants hébergés, précise Nathalie Loiseau à propos de la circulaire Collomb-Mézard
La ministre chargée des Affaires européennes, invitée mardi de franceinfo, a déclaré que la circulaire sur les migrants hébergés "n'est pas un recensement", mais "un examen, une proposition" et que les réponses se feront sur la base du volontariat.
Nathalie Loiseau, ministre chargée des Affaires européennes, invitée de franceinfo mardi 19 décembre, a précisé le contenu de la circulaire du 12 décembre, qui inquiète les associations, demandant aux préfets de procéder à des recensements dans les centres d'hébergement d'urgence. Selon la ministre, les réponses se feront sur la base du volontariat.
"Ce ne sont pas des patrouilles. Ce sont des agents de la préfecture et de l'Office français d'immigration et d'intégration qui vont aller dans les centres d'hébergement pour examiner, pour ceux qui l'acceptent, qui ne forceront personne, leur situation administrative", a déclaré Nathalie Loiseau. "Aucune obligation de répondre", a martelé la ministre, estimant que "ce n'est pas un recensement, mais un examen, une proposition".
Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, alerté par des associations, a déclaré lundi sur France Inter avoir envoyé "des observations" au ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, sur cette circulaire. "Il a été saisi par des associations qui en ont fait une description qui n'est pas conforme à la réalité", a répondu Nathalie Loiseau.
En 2017, il y a eu "à peu près 95 000, 97 000 demandes d'asile, un nombre "considérable", a poursuivi la ministre, prenant l'exemple des demandeurs d’asile albanais. "C’est la première nationalité en termes de demandes d’asile en France, or l’Albanie n’est pas un pays en guerre, il n’y a objectivement aucune raison qu’il y ait autant de demandeurs d’asile albanais en France qui restent en moyenne 14 mois avec leurs familles." Selon Nathalie Loiseau, "quand ces personnes sont logées dans des hébergements d’urgence, d’autres qui arrivent de Syrie, d’Irak, de pays en guerre, se retrouvent à la rue. Ce n’est pas normal. C'est ces situations-là, qu'il faut examiner".
Concernant la politique que veut suivre le gouvernement en matière d'immigration, "on est tous d'accord", a précisé la ministre des Affaires européennes. "Mieux traiter les réfugiés, c'est le but de ce gouvernement. Reconduire ceux qui ne méritent pas le statut de réfugiés, qui ne l'ont pas eux, ça aussi c'est une nécessité."
Le gouvernement autrichien sous surveillance
La ministre chargée des Affaires européennes, a estimé que le vote était souverain en Autriche, mais que l'attention portée à la politique menée par le gouvernement sera très forte. "On sera tous très attentifs aux choix, à la politique menée" en Autriche, a-t-elle déclaré, alors qu'un nouveau gouvernement formé par la droite et l'extrême droite a pris les commandes du pays.
Le chancelier Sebastian Kurz se rend, ce mardi, à Bruxelles pour rencontrer Jean-Claude Juncker [le président de la Commission européenne] et le président du Conseil européen Donald Tusk. "Donald Tusk lui a écrit hier en lui disant que l'Europe serait attentive au respect des valeurs européennes, du contenu des traités, mais aussi de l'esprit des traités européens. On sera tous très attentifs à tout ce qui relève de l’état de droit, de la séparation des pouvoirs, de l’indépendance de la justice", a déclaré Nathalie Loiseau, précisant que "ce n'est pas à un pays étranger d'indiquer à un chef du gouvernement quel genre de ministère il doit donner à qui".
En France, "Emmanuel Macron et ce gouvernement se sont battus contre l’extrême droite et on ne peut pas nous faire le procès d’avoir la moindre sympathie et la moindre envie de leur ouvrir la porte", a-t-elle déclaré constatant qu'"il y a un virage populiste dans certains pays d’Europe". "C’est la raison pour laquelle il faut être à la fois très pro-européen et réformer l’Europe pour mieux répondre aux attentes des citoyens", a conclu Nathalie Loiseau.
La Pologne proche d'une procédure européenne
Le Parlement polonais a quasiment adopté une loi qui met fin à l'indépendance de la justice. Bruxelles demande au président de ne pas ratifier cette loi. "C'est une loi préoccupante parce qu'elle porte atteinte à l'indépendance de la justice. Il y a un dialogue depuis un certain nombre de mois entre l'Europe et la Pologne sur ce sujet précis", a expliqué Nathalie Loiseau. Les membres de la Commission européenne se réunissent, mercredi 20 décembre, pour décider si "on lance une procédure qui peut conduire à des sanctions à l'encontre de la Pologne". "Si rien n'évolue d'ici demain, il y a de fortes probabilités pour que cette procédure démarre. Il faut le faire. La France soutient totalement la Commission dans cette démarche" a déclaré Nathalie Loiseau. "Si un Etat dérive, il faut le dire et il faut marquer le coup."
Des pouvoirs autoritaires s'installent et l'Europe n'a pas forcément les moyens de lutter contre. "Il faudra notamment réfléchir sur le versement des crédits européens. La politique de cohésion ne peut plus être poursuivie les yeux fermés. Un pays qui dérive doit faire le choix. Il est souverain, il prend ses décisions, mais il ne peut pas en même temps demander à Bruxelles d’être soutenu par des milliards de fonds de cohésion", a prévenu la ministre des Affaires européennes.
Regardez l'intégralité de l'entretien de Nathalie Loiseau sur franceinfo le 19 décembre 2017.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.