Nouvelle-Calédonie : "L'État se montre d'une grande inculture politique", selon Christiane Taubira qui dénonce "l'immaturité" de Gérald Darmanin

Christiane Taubira dénonce une "situation insurrectionnelle qui ne vient pas de nulle part" en Nouvelle-Calédonie et met notamment en cause l'exécutif.
Article rédigé par franceinfo, Bérengère Bonte
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Christiane Taubira, le 22 février 2022 à la Maison de la radio. (JULIEN MICHEL / RADIOFRANCE)

La situation en Nouvelle-Calédonie est "absurde", déplore jeudi 16 mai sur franceinfo Christiane Taubira, garde des Sceaux de 2012 à 2016, après les tensions survenues en Nouvelle-Calédonie qui ont fait cinq morts dont deux gendarmes. "Il y a des efforts de part et d'autre, depuis plusieurs dizaines d'années, il y a eu des étapes de franchies, il y a eu des périodes extrêmement difficiles, poursuit Christiane Taubira. C'était un processus intelligent qui montrait une grande maturité politique, une loyauté dans les relations réciproques même si les désaccords ont perduré. Cette situation insurrectionnelle à laquelle nous assistons ne vient pas de nulle part. On l'a vu venir ces dernières semaines."

Christiane Taubira revient sur l'histoire récente de la Nouvelle-Calédonie, "cette histoire pavée de morts", selon ses mots. "Jean-Marie Tjibaou l'a payé très cher en 1989, avant lui Eloi Machoro [mort en 1985 lors d'une intervention du GIGN]. Elle est pavée de moments de tensions mais il y avait des efforts, parce que la responsabilité est politique." Christiane Taubira dénonce les "inégalités flagrantes" et met en avant "l'État qui a une responsabilité colossale". Selon elle, "depuis quelques années l'État se montre d'une grande inculture politique, d'une immense ignorance historique lorsqu'on entend le ministre de l'Intérieur [Gérald Darmanin] qui est d'une immaturité qui est extrêmement dangereuse et qui donne les résultats qu'on voit aujourd'hui." 

Christiane Taubira évoque les référendums sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie, dont le dernier de 2021 qui était "capital". "On a vu que le premier et le deuxième avaient été serrés, le troisième devait normalement permettre qu'on se pose en toute sérénité. Le gouvernement l'a avancé" et a décidé "de le fixer en 2021 et de ne pas entendre la demande de report de quelques mois de la part des indépendantistes" Il "ne faut pas faire de coup de force, des jeux de menton, des démonstrations d'autorité" même si c'est "la seule réponse que connaît le ministère de l'Intérieur". Pour Christiane Taubira, qui charge Gérald Darmanin, "l'anomalie c'est qu'un tel sujet soit entre les mains du ministère de l'Intérieur".

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