Loi contre la "fast fashion" : "Bercy pourrait être tenté de diminuer la portée du texte", s'inquiète la députée LFI Alma Dufour

L'Assemblée nationale a adopté jeudi à l'unanimité des mesures visant à freiner la "fast fashion". Mais la députée insoumise, invitée sur franceinfo, craint que le ministère de l'Economie ne cherche à en diminuer la portée.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La députée Alma Dufour, jeudi 14 mars 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Bercy pourrait pour être tenté de diminuer la portée du texte" voté par les députés visant à pénaliser la "fast fashion", a alerté jeudi sur franceinfo Alma Dufour, députée LFI de Seine-Maritime. L'Assemblée nationale a adopté jeudi 14 mars à l'unanimité les mesures d'un proposition de loi visant à freiner la "fast fashion", avec notamment une interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés et un "malus" environnemental renforcé pour les rendre moins attractifs.

"Il y a un risque", s'inquiète Alma Dufour. Si elle a "senti Christophe Béchu", le ministre de la Transition écologique, "très enthousiaste sur le texte, vraiment en soutien", elle assure que du côté du ministère de l'Economie, "du côté de Bruno Le Maire, il y avait beaucoup plus de réticences". "Cette loi n'arrange pas tout le monde dans l'industrie de la mode. Elle n'arrange notamment pas les acteurs du luxe qui exportent beaucoup en Chine et qui ont peur qu'on mette la pagaille dans les relations commerciales avec la Chine." Selon elle, cela a "contribué à la disparition de 375 000 emplois en France dans la fabrication de vêtements".

Sa "surprise" sur le vote à l'unanimité 

Alma Dufour tient à saluer la députée Horizons Anne-Cécile Violland, la rapporteuse de la proposition de loi, qui a déposé le texte "un peu dans son coin et qui a convaincu autour d'elle et qui a fini par emporter l'adhésion du ministère de l'Environnement, de Christophe Béchu, contre l'avis de Bruno Le Maire". Alma Dufour se dit "fortement surprise" par le vote du texte à l'unanimité des députés. "A l'approche des élections européennes, il fallait envoyer un signal pour la majorité qui voulait faire des choses sociales et environnementales", analyse la députée LFI.

Mais elle appelle "à rester vigilant". "Le passage au Sénat pourrait être l'occasion de détricoter le texte, à la fois pour Bercy, et à la fois pour les sénateurs Les Républicains."

"Bercy va protéger les intérêts des industries du luxe"

Selon Alma Dufour, "Bercy va protéger les intérêts des industries du luxe, qui représentent une grosse partie du PIB. Il y a toujours ces enjeux-là dans les traités de libre-échange, il y a des entreprises qui perdent et des entreprises qui gagnent." La députée craint que le ministère de l'Economie soit tenté "de diminuer la portée du texte, pour ne pas trop froisser la Chine et pour pas qu'il y ait des rétorsions commerciales sur les marques du luxe qui exportent beaucoup en Chine".

Mais Alma Dufour estime qu'"à raisonner comme ça et à protéger une poignée d'entreprises qui font beaucoup de chiffre d'affaires, on ne protège pas l'industrie en général dans notre pays, sachant que le secteur textile contribue lourdement à notre déficit commercial". "Pour protéger le plus grand nombre et permettre à l'industrie de se relocaliser, des fois, il faut un peu marcher sur les pieds de certains grands groupes qui, eux, ont des marchés à l'étranger", ajoute Alma Dufour.

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