Généralisation du SNU : "Ça ne peut pas être le prolongement de ce qui a été fait qui est une expérimentation pas totalement concluante", estime le président de la Cour des comptes

La Cour des comptes a publié un rapport sévère sur le Service national universel, affichant son scepticisme quant aux "objectifs" du SNU qui "demeurent, à ce jour, incertains".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, invité sur franceinfo le 13 septembre 2024. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Ce n'est pas du tout l'idée qui est en cause, ce n'est pas l'ambition qui est en cause, ce n'est pas l'idée d'aider les jeunes à faire nation, elle est noble", explique vendredi 13 septembre sur franceinfo Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, qui a publié un rapport sévère sur le Service national universel. Les magistrats financiers affichent leur scepticisme quant aux "objectifs" du SNU qui "demeurent, à ce jour, incertains". La Cour se montre sévère sur le "coût largement sous-estimé" du SNU et dénonce une "généralisation non-préparée".

"Quand on regarde les modalités, on s'aperçoit que ça ne touche pas tous les jeunes, que la mixité sociale est extrêmement faible", critique Pierre Moscovici. "Ça concerne des fils et des filles de femmes et d'hommes qui portent déjà un uniforme et pourtant, c'est géré par l'Éducation nationale", ajoute-t-il. "On constate que ça coûte assez cher par personne, on constate qu'il y a de gros problèmes de gestion, sur le transport, l'hébergement", regrette Pierre Moscovici.  

Une généralisation à 10 milliards d'euros 

S'agissant du SNU, "la question qui nous est posée : Est-ce qu'on doit le généraliser ?", Pierre Moscovici n'est "ni pour, ni contre, mais il faut s'en donner les moyens. C'est un objectif qu'avait fixé Gabriel Attal dans sa déclaration de politique générale en janvier dernier". Ça coûterait "plus de dix milliards par an. Est-ce qu'on les a ? Il faut les trouver sur d'autres dépenses publiques parce qu'on ne peut pas augmenter le montant de la dépense publique", fustige le président de la Cour des comptes. 

Toujours à propos de la généralisation du SNU, Pierre Moscovici pense qu'il "faut faire autre chose que le dispositif actuel. Il faut vraiment que le Parlement se prononce, il ne l'a jamais fait". Il faut "qu'on encadre les choses, qu'on les organise, qu'on les pilote. Ça ne peut pas être juste le prolongement de ce qui a été fait qui est une expérimentation pas totalement concluante. Ça doit être autre chose, un grand projet". 

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