: Vidéo Jean-François Rial : “Nos activités économiques n’intègrent pas les coûts environnementaux et dégradations qu’elles génèrent, ce n’est pas normal”
Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, était l'invité de :l'éco ce vendredi 8 mai 2020.
Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, a évoqué la situation de son entreprise : “La situation est très simple, depuis le 15 mars, on fait zéro chiffre d’affaires. On passe notre temps à reporter des voyages de nos clients inscrits, depuis le 15 mars jusqu’à fin juin à des dates ultérieures. On est en chômage partiel à 70/75%, ceux qui travaillent sont tous à distance. On a une trésorerie très solide, on a des fonds propres importants, les mesures gouvernementales sont très bonnes, j’espère qu’elles seront prolongées. Notre entreprise n’est pas en danger, on se porte bien même si on sait que ça pourrait durer encore un petit peu.”
Le PDG de Voyageurs du Monde appelle à une meilleure prise en compte de l’impact écologique dans le coût de nos activités. “Globalement les activités économiques que nous pratiquons, le voyage, l’agriculture, la consommation, n’intègrent pas les coûts environnementaux et dégradations qu’elles génèrent, ce n’est pas normal. Prenons l’exemple de l’agriculture : l’agriculture chimique est plus compétitive que l’agriculture biologique. Sauf que ça n’a aucun sens, parce qu’on n’a pas pris les coûts environnementaux de l’agriculture chimique dans les prix de revient. Et ces coûts sont colossaux. C’est vrai pour le voyage également, mais c’est vrai pour toutes activités économiques. Ce qu’on vient de vivre là, ce n’est peut-être pas dû à des causes écologiques mais on sait très bien que les destructions des écosystèmes et l'aggravation du réchauffement climatique augmentent le nombre d’épidémies. Il serait peut-être temps que les agents économiques, les États, les citoyens, les entreprises prennent vraiment conscience de quelque chose qui est complètement incontournable.”
N’y a-t-il pas un risque de voir certains budgets privés de voyage à l’avenir ? “Pas forcément. Prenez les billets d’avion. Entre le moment où le vol ouvre à la vente et le moment où le vol part, les variations de prix peuvent être de 1 à 5. Le voyageur malin il pourra tout à fait avoir des prix compétitifs. J’en appelle à une réforme globale des prélèvements obligatoires, de la fiscalité et des charges sociales. Aujourd’hui on taxe le travail, alors qu’on est plutôt en sous-emploi et on ne taxe pas les coûts écologiques de notre consommation : artificialisation des sols, plastique, CO₂, etc.”
Jean-François Rial est prêt à faire un tri dans son propre catalogue d’offres : “On l’a déjà largement fait, mais s’il faut aller plus loin, on ira plus loin. Le tourisme de masse qui est fustigé, il n’est pas que dans le tourisme populaire. Il existe aussi du tourisme de masse dans le voyage très haute gamme avec des pratiques qui ne sont plus acceptables.”
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