Laurence Boone (OCDE) : "Le niveau de la dette n'est pas un problème si l'argent est dépensé correctement"
Stéphane Dépinoy reçoit Laurence Boone, cheffe économiste de l'OCDE, dans la matinale de France Info pour aborder la question de la dette publique.
Alors qu'une centaine d'économistes lancent un appel pour annuler les dettes publiques détenues par la Banque centrale européenne, la cheffe économiste de l'OCDE estime que "c'est un faux débat".
Elle explique : "Il y a de la bonne dette et de la mauvaise dette : la bonne, c'est celle dont on a besoin pour investir dans un hôpital ou des infrastructures publiques." Pour mieux comprendre, elle développe l'exemple de l'hôpital : "Vos parents, vos grands-parents l'utilisent ; vos enfants, vos petits-enfants vont l'utiliser. Il est normal de s'endetter pour répartir son coût sur plusieurs générations."
Laurence Boone revient sur le débat d'annuler ou non la dette. "Si on efface une partie mais que l'on ne change pas notre façon de taxer ni de dépenser, cela ne sert à rien. Le niveau de la dette n'est pas un problème si l'argent est dépensé correctement." La cheffe économiste de l'OCDE considère "qu'investir dans l'éducation, le numérique, la transition énergétique permettrait d'avoir plus de croissance et plus d'emplois". La question de la dette ne se poserait donc plus.
76 % des Français pensent que le gouvernement n'est pas crédible quand il affirme que les impôts ne seront pas revus à la hausse, selon un sondage Elabe pour Les Echos. Laurence Boone réagit : "Pourquoi est-ce qu'un sondage pose la question d'augmenter les impôts ? Pourquoi est-ce que l'on ne se pose pas la question de savoir ce que l'on fait de nos dépenses ? Les dépenses publiques en France représentent maintenant près de 60% du PIB. Peut-être que l'argent que l'on dépense ne va pas là où il devrait aller."
De nombreuses entreprises bénéficient d'un prêt garanti par l'Etat qu'il faudra rembourser une fois la crise terminée. Pour cette sortie de crise, il existe deux scénarios pour la cheffe économiste de l'OCDE. Certaines entreprises retrouveront un niveau d'activité similaire à celui d'avant-crise lors de leur réouverture. "On l'a vu au troisième trimestre de 2020 : la production et la consommation ont bondi." Mais d''autres, n'y arriveront pas. "Toute l'économie a été mise sous cloche. Il n'y a pas eu beaucoup de faillites et moins de créations d'entreprise." Elle pousuit : "Quand l'économie va rouvrir, il y aura un grand risque de faillites et donc d'une augmentation du chômage qui va avec. C'est à ce moment là qu'il faudra faire attention à ne pas arrêter les aides et ne pas diminuer la dépense publique trop vite."
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