: Vidéo José Bové : “On ne peut pas continuer une mondialisation sauvage, telle qu’on la connaît, qui ne profite qu’aux multinationales"
José Bové, ancien député européen Europe écologie les verts (EELV), était l'invité de :l'éco ce vendredi 26 juin 2020
Pour José Bové, ancien député européen Europe écologie les verts (EELV), “la crise sanitaire a ébranlé le monde entier”. “Tout le monde a pris conscience des faiblesses de la mondialisation, de l'impossibilité pour des groupes de pays, comme l’Union européenne ou l’Afrique, de pouvoir se construire et d’organiser sa défense sanitaire, mais aussi sa souveraineté alimentaire. Le monde d’après va peut-être s’ouvrir sur une nouvelle phase, mais malheureusement j’ai beaucoup de craintes et j’ai peur que le monde reprenne son cours, et que ça ne soit qu’à la marge que les choses changent. Ça va dépendre de la mobilisation des citoyens.”
Certains craignent que ça soit le monde d’avant en pire. Quel est votre avis ? “C’est le risque. On met énormément de moyens pour relancer l’économie à juste titre. Quelle économie va-t-on relancer ? Qu’est-ce qu’on va mettre en avant en termes de priorités ? Le risque est qu’on relance une économie carbonée encore plus forte. J’ai l’impression que l’idée de lutter contre le réchauffement climatique risque de passer au second plan. Il y a un exemple très caractéristique : avant le confinement EDF annonçait une politique zéro carbone dans les années à venir. Or, EDF est en train de lancer un gigantesque projet de centrale électrique à fioul en Guyane, c’est complètement aberrant. On ne comprend pas comment ces logiques prennent le dessus alors que tout le monde reconnaît aujourd’hui que la lutte principale évidemment, en dehors de la pandémie, c’est de sortir de l’économie carbonée.”
José Bové évoque la réforme de la Politique agricole commune (Pac). “La réforme, qui se discute, a été conçue il y a plusieurs années dans une logique de croissance des exportations et des importations, dans des aides toujours distribuées à l’hectare et non pas à la personne. Plus on a d’hectares, plus on touche d’aides, et de nombreux paysans, dans tous les pays européens, se retrouvent dans une situation où ils vont être obligés de mettre la clé sous la porte. Il est indispensable de contester et de remettre à plat le projet de la Pac. Il y a quelques avancées sur des questions importantes comme les pesticides, les questions environnementales, les nitrates, ça va rentrer dedans mais rester à la marge par rapport aux 80% d’aides qui sont distribuées à l’hectare. On est dans une situation catastrophique pour une majorité de paysans, dont 30 à 40% au moins, au niveau européen, vivent en-dessous des revenus minimums acceptables pour vivre correctement.”
S’il n’avait qu’une proposition à faire à Emmanuel Macron, quelle serait-elle ? “Ça serait de défendre au niveau européen la prise en compte des émissions de carbone dans les importations. On ne peut pas continuer une mondialisation sauvage telle qu’on la connaît, qui ne profite qu’aux multinationales. Il faut mettre des limites et imposer des normes qui permettent de bloquer des importations, qui ne respectent pas la nécessité de réduire de manière drastique la consommation de carbone.”
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