Pour Gérard Feldzer, président d’Aviation sans frontières, “si on fait une réglementation restrictive pour Air France il faut l’appliquer aux autres compagnies”. “Ça ne peut se faire qu’à l’échelle européenne. Si tout le monde arrive à se mettre d’accord, ce qui n’est pas évident, on arrivera à réguler, à ne pas faire comme avant : la course à la consommation. Le transport c’est à la fois le thermomètre et le squelette de l’économie. Mais là il y a un facteur déterminant, c’est la protection et la santé. On va être obligés de changer, non seulement du point de vue des industriels à faire des nouveaux avions avec une vraie rupture technologique, mais aussi les exploitants comme Air France.”Ancien commandant de bord d’Air France, Gérard Feldzer a évoqué des pistes pour réduire l’empreinte écologique des compagnies aériennes. “Les avions roulent au moteur et vont jusqu’au point de décollage. Ce roulage, rien qu’à Roissy c’est 300 000 tonnes de CO₂, c’est autant que le périphérique avec les voitures. Avec des tracteurs électriques pour amener ces avions, c’est une économie considérable et ça peut se faire quasiment du jour au lendemain. Il faut marier le côté social avec le côté environnemental. Les deux vont de pair. Il faut rentrer dans la course à la compétitivité mais qui soit raisonnée. On ne va pas revenir comme avant, on va faire mieux qu’avant.”Gérard Feldzer souhaite que “les gens se sentent bien, qu’ils remontent dans les avions avec de la confiance”. “Ça a traumatisé beaucoup de gens de voir qu’on peut, à travers l’avion, risquer d’être contaminé, ce qui n’est pas du tout le cas puisque l’air dans les avions est renouvelé toutes les trois minutes à peu près. Soyons inventifs, soyons dans la rupture technologique. La dernière grande rupture technologique en matière d’aviation c’est le Concorde. Sauf que c’était pour la vitesse. Voyons la rupture technologique avec de l’hydrogène, de nouvelles énergies pour le bien commun, c’est-à-dire l’environnement et la santé.”Le président d’Aviation sans frontières est revenu sur les actions des compagnies aériennes pour compenser leur empreinte carbone. Et notamment la plantation d’arbres. “Un arbre ça absorbe environ 30 kilos de CO₂ par an, ça vous fait pour une heure de vol, à peu près trois arbres qu’il faut planter. Ce n’est pas rien, parce que c’est de l’agroforesterie, il y a un côté social là-dedans.”Gérard Feldzer a évoqué le sujet des compagnies low-cost. “Cette course à la consommation, là je parle des low-costs : on voyage par opportunité. “Tiens il y a un Lisbone ou un Barcelone à moins de 50 euros, donc je vais y aller.” On est dans une organisation mondiale, on ne pourra peut-être pas fermer les frontières parce que c’est juste impossible. Mais en tous les cas, il y aura du bonus-malus, les gens pourront choisir en fonction des compagnies qui seront les plus vertueuses. Je ne suis pas certain que le low-cost soit très vertueux aujourd’hui.”