Cet article date de plus de quatre ans.

Julien Paque (TchaoMegot) : "Nous ambitionnons de recycler près de la moitié des mégots jetés en France"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min - vidéo : 7min
: L'éco
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
franceinfo

Julien Paque, fondateur de TchaoMegot, un projet recyclant les mégots de cigarettes pour en faire des objets, est l’invité de Stéphane Dépinoy.

Julien Paque, jeune entrepreneur, a créé TchaoMegot, qui utilise les mégots de cigarettes pour en créer d’autres objets : "L’idée de base est de partir du mégot, et de se dire qu’il y a des matières premières qu’on peut réutiliser. Le but est de pouvoir le collecter, le dépolluer écologiquement et utiliser la fibre du filtre pour faire de l’isolant thermique de bâtiment, ou du textile." Comment se déroule le processus ? "Nous avons développé un des premiers procédés au monde capable d’extraire les substances toxiques, et ce qui est intéressant est que l’on génère très peu d’effluant après le nettoyage. Pour donner un exemple, pour dépolluer 30 litres de filtres, nous générons seulement 0,1 litre de concentré toxique, qui correspond aux substances toxiques du mégot. Nous avons l’avantage de ne pas utiliser d’eau ni de solvants toxiques, nous avons juste un solvant neutre qui vient capturer les substances et les extraits. Ce solvant est recyclé en permanence en continu, et en circuit fermé. La fibre du mégot sortie de la machine peut être utilisée soit dans les combles de maison, soit dans l’intérieur de doudounes" explique Julien Paque, qui est en train de faire breveter à l’international le système qu'il a mis au point.

"Un seul mégot pollue 500 litres d’eau et peut tuer un poisson en 96 heures."

Mais comment lui est venue cette idée ? "Je travaillais avec mon père dans un bâtiment, et en sortant j’ai vu un mégot ouvert sur le sol. De par la couleur et l’aspect, je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire" déclare l’entrepreneur, qui a fait une école d’ingénieur à Lille et qui a refusé un CDI pour se lancer à temps plein dans ce projet. "J’ai commencé dans la serre du jardin de mes parents, qui devait faire 5 mètres carrés. Aujourd’hui, nous avons construit un atelier d’une trentaine de mètres carrés. Au début je me disais que c’était un peu fou, mais plus je voyais de mégots au sol et plus je me disais qu’il y avait moyen de faire quelque chose des 30 milliards de mégots jetés chaque année, qui représentent 25000 tonnes. Cela représente quasiment trois fois le poids de la tour Eiffel. Nous avons développé en amont des cendriers et collecteurs, pour éviter au maximum que les mégots se retrouvent au sol. Il y a encore un problème de collecte : les mégots sont souvent dispersés dans la nature et ne sont pas bien récupérés. Pourtant, un seul pollue 500 litres d’eau et peut tuer un poisson en 96 heures. Il faut prendre conscience que l’on peut réutiliser nos déchets, même les plus dangereux. Cela fait 1 an et demi que je travaille sur ce projet, auquel je suis concentré à 200 %."

Et comment compte-t-il continuer à faire croître TchaoMegot ? "Depuis un an et demi, nous avons quasiment utilisé 50000 euros avec la phase test, pour prouver que la matière était plus toxique. Nous avons donc travaillé avec un gros laboratoire pour montrer l’efficacité du procédé, aussi bien au niveau toxicologique qu’écologique. Maintenant, nous investissons 167000 euros pour une petite machine industrielle, en attendant davantage pour pouvoir à terme traiter 10000 tonnes, qui correspondent à près de la moitié des mégots en France. L’objectif est de continuer à faire grossir le projet, et pourquoi pas créer plusieurs petits sites en France pour recycler un maximum de mégots, tout en ayant optimisé la logistique pour le transport." Il vient également d’adresser un message à la ministre de l’environnement Barbara Pompili, pour lui faire part de son invention.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.