Éric Heyer, économiste à l’OFCE, a retenu le “quoi qu’il en coûte” prononcé par Emmanuel Macron : “Il n’y a pas de limites budgétaires. On suspend l’imposition pour les entreprises qui le souhaitent pendant le mois de mars et aussi du chômage partiel, bien plus dynamique et fort qu’en 2008. Il a cité l’Allemagne en exemple à suivre à ce niveau-là. Je pense que ce sont de bonnes mesures. Et il va y en avoir de nouvelles. Il y aura une forte dégradation des finances publiques mais tout cela pour sauver l’économie, les entreprises mais surtout pour sauver des vies humaines.”Le krach est il supérieur à celui de 2008 ? “On est à peu près sur les mêmes rythmes que 2008. Les reprises historiques sont aussi en 2008. Il y a des ressorts qui ressemblent, les réponses sont à peu près identiques. Aujourd’hui, il y a un problème de liquidités. Les banques centrales agissent peut-être plus rapidement qu’en 2008, en injectant des liquidités pour essayer de calmer cette crise.”Éric Heyer est revenu sur les propos de Christine Lagarde, qui n’ont pas rassuré les marchés. “Hier, c’était un peu une double déception. Ça a commencé par Donald Trump, qui globalement met en quarantaine la zone euro, tout en épargnant le Royaume-Uni. On comprend que ce n’est pas pour des raisons sanitaires mais plutôt pour encore une fois rentrer dans une guerre avec la zone euro, qui a des forts excédents. Et puis on attendait beaucoup de Christine Lagarde. Elle a des annonces à peu près attendues, mais c’est dans les questions aux journalistes, où elle déçoit énormément. On s’inquiète aujourd’hui sur l’Italie. On sait que les déficits vont augmenter, qu’ils font déjà des plans de relance. Les taux d’intérêts sur la dette italienne sont en train d’augmenter donc le journaliste lui dit : “Peut-être que ces taux d’intérêts qui augmentent, ça peut être inquiétant. Est-ce que vous allez agir ?” Elle dit : “Non, ce n’est pas à moi d’agir, c’est aux États de faire leur job”. Là on se dit, qu’il y a peut-être un problème, qu’elle n’a peut-être pas appris ou s’est souvenu de ce qui s’est passé en 2010-2011, où les taux d’intérêts sur la dette italienne avaient fortement augmenté et ça avait provoqué une seconde crise en zone euro.”Pour Éric Heyer, “il est certain que les États ont la main”. “Ce n’est pas la Banque centrale qui va décider où est-ce qu’il faut investir, dans quels secteurs, quelles régions, quel que soit le pays. La banque centrale doit uniquement garantir que d’un point de vue financier ça se passera bien et que les États ont des marges de manoeuvre pour faire le “quoi qu’il en coûte” sans que les marchés financiers s’en inquiètent.”Faudra-t-il une relance en dépit des déficits qui exploseront ? “Bien sûr. Il va falloir qu’on fasse un plan de relance, c’est inévitable. Les déficits et la dette publique vont augmenter dans tous les pays développés, c’est inévitable.”