Jean-Philippe Cartier (H8 Collection) : "ll faut qu'il reste des hôtels, commerçants et restaurants - la vie doit reprendre son cours"

Les professionnels du secteur de l’hôtellerie-restauration sont reçus aujourd’hui par le Premier ministre. De ce rendez-vous, Jean-Philippe Cartier dit attendre "pas grand-chose de plus que le renforcement des mesures de chômage partiel et l’accompagnement en terme de prêts garantis par l’État". L’entrepreneur estime néanmoins que ces mesures sont dérisoires face à la fermeture subie par les restaurateurs d’Aix et de Marseille, et dit craindre que ce ne soit que le début de fermetures plus globales : "Ces nouvelles fermetures laissent penser au pire pour d’autres régions. Je pense qu’il serait temps de responsabiliser les gens plutôt que de faire une énième réunion, qui doit redire la même chose que ce que nous connaissons déjà." Il considère que la fermeture des restaurants à Aix Marseille est une erreur. "Ce virus commence à faire beaucoup plus de dégâts psychologiques et économiques que ce que nous en voyons tous les jours en terme de problématiques sanitaire et médicale."

Au moment de faire un bilan des derniers mois dans son secteur, il considère que la prise en charge par l’État de la pandémie a été positive dans un premier temps. Mais il note un manque de mesures adaptées face à un arrêt "extrêmement brutal" dans le secteur depuis début septembre, les français retournant au travail et les étrangers n’étant toujours pas revenus. "On entre dans une situation très compliquée. Les prêts garantis par l’État, jusqu’ici non utilisés à hauteur de 70% par précaution, vont être très utiles dans les mois à venir."

Concernant la restauration spécifiquement, Jean-Philippe Cartier dit observer une nouvelle dépendance aux conditions météo, les Français étant plus réticents à entrer à l’intérieur des établissements. Il considère également comme anormale la fermeture des bars, en particulier la différence de traitement avec les restaurants. "Je pense qu’on ne saute pas plus dans les bras dans un bar à 22h30 que dans un restaurant. Je considère qu’il faut sortir de cette situation et responsabiliser les gens. Chacun doit prendre ses responsabilités et la vie doit reprendre son cours. J’ai l’impression qu’on nous prépare des mauvaises nouvelles, on a des économistes (Esther Duflo et Abhijit Banerjee) qui nous disent qu’il faudrait déjà refermer avant Noël. Il faut retrouver une vie normale, dans le respect des gestes barrières mais dans le respect des intérêts économiques du pays et du travail de chacun."

Sur le champ de l’emploi, le président du groupe hôtellier H8 Collection dit s’attendre au "plus grand plan social de tous les temps" dans le secteur de l’hôtellerie restauration, évoquant un avocat à Nice qu’il a vu la veille, "sur une opération que nous regardions était en train de faire, qui prépare 4 plan sociaux sur 4 hôtels de renom entre Nice et Cagnes."

Pour conclure, Jean-Philippe Cartier estime que malgré les bons cotés de la nouvelle dimension prise par la digitalisation de la société, il faut revenir à des contacts physiques. "ll faut qu'il reste des hôtels, commerçants et restaurants. La vie doit reprendre son cours." Il regrette également que les assureurs "n’assument pas leur job" : "Je pense notamment à Albingia de notre côté, qui devraient montrer beaucoup plus de reconnaissance pour les hôteliers et restaurateurs qu’ils supportent aujourd’hui."

L’entretien s’est malgré tout conclu avec la chanson "La belle vie" de Sacha Distel.