Anne-Sophie Alsif (BIPE) : "Notre balance, pour plus de la moitié, est encore plus en déficit à cause de cette flambée de l’énergie"
Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du Bureau d'informations et de prévisions économiques (BIPE), était l’invitée de Jean-Paul Chapel ce mardi 10 mai sur Franceinfo.
Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste du BIPE, est revenue sur le déficit du commerce extérieur Français qui a atteint 100 milliards d’euros sur un an. D’après elle, cette croissance du déficit est liée principalement à la hausse des prix de l’énergie : "Notre balance, déjà déficitaire, pour plus de la moitié, est encore plus en déficit à cause de cette flambée de l’énergie". Cette dégradation s’explique par ailleurs par un problème de compétitivité dans certains secteurs "même si avec le plan de relance, il y a eu pas mal de choses qui ont été faites pour l’industrie, notamment au niveau des impôts de production" remarque l’économiste. Elle souligne qu’il faudra du temps pour voir les effets des politiques de ré-industrialisation engagées.
Anne Sophie Alsif a également évoqué les derniers résultats macro-économiques de la France. Concernant les hausses des prix, elle confirme qu’ils vont continuer à augmenter les prochains mois, tirés par "une forte demande et les aspects spéculatifs" sur des produits très volatils, comme l’énergie et l’alimentation. Au sujet de l’emploi, elle relève le paradoxe des fortes embauches malgré l’inflation actuelle et le ralentissement de la croissance qu’elle explique par une demande qui reste importante du fait des restes du "quoi qu’il en coûte".
Toutefois, la stagflation qui conjugue forte inflation et croissance faible pourrait freiner cette demande et donc l’emploi à plus long-terme. Pour éviter cela, Anne Sophie Alsif appelle à ralentir progressivement la politique monétaire expansionniste de la BCE pour éviter de casser la croissance et à cibler les aides vers les ménages les plus modestes : "Le chèque alimentaire, comme on en a parlé ou le chèque inflation, mais toujours cibler sur les ménages qui en ont le plus besoin, pas à l’ensemble de la population, vraiment cibler pour aussi qu’au niveau des finances publiques, ce soit plus soutenable". Les aides seront d’autant plus nécessaires que le pouvoir d’achat devrait baisser en 2022 et frapper les plus modestes qui ont déjà consommé toute l’épargne accumulée pendant les confinements. Même si le taux d’épargne reste supérieur par rapport à 2019, la cheffe économiste du BIPE affirme qu’à moyen-terme, l’inflation pourrait ralentir la consommation des ménages.
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