Jean-Marc Roué (Brittany Ferries) : "Nous sommes pénalisés par le Brexit, le Covid en plus d'être une compagnie qui transporte essentiellement des passagers"

"L'année 2020 est un désastre et le début de l'année 2021 ne se porte pas mieux". C'est avec ces mots que le président de Brittany Ferries résume la situation de la compagnie. L'entreprise qui travaille essentiellement sur le transport de passagers a vu leur nombre chuté de 2 millions à 700 000 l'année dernière. Il avance les différentes raisons : "L'arrêt de circulation avec les deux confinements des deux côtés de la Manche puis les mesures sanitaires de distanciation et une ambiance générale qui n'était pas au voyage. Beaucoup de Français comme beaucoup d'Anglais sont restés sur leur territoire pour leurs vacances." Il poursuit : "Le transport de passagers a perdu 80 % de ses volumes sur l'année 2020. 

Brittany Ferries s'occupe également du fret. Mais comme l'explique Jean-Marc Roué, ce secteur aussi est très affecté : "Comme nous sommes sur un schéma excentré du schéma de transports qui est le détroit du Pas-de-Calais, nous nous occupons beaucoup plus des passagers que nos concurrents. Notre chiffre d'affaires a beaucoup plus fondu que leur chiffre d'affaires car nous ne faisons que 20 % de fret et eux, plus de 50 %. Nous sommes donc impactés par le Brexit depuis le 26 juin 2016 avec la baisse de la livre sterling, par le Covid sur toute l'année 2020 et 2021 et en plus par la pénalisation parce que nous sommes surtout une compagnie de transport de passagers." Au lieu de cinq liaison, plus qu'une seule fonctionne et elle est loin d'être remplie. "Il y a un service d'usage parce que des gens sont dans l'obligation du voyage essentiel donc on maintient ce dispositif entre Caen et Portsmouth", détaille Jean-Marc Roué. 

Le directeur de Brittany Ferries ne le cache pas : "L'entreprise est en difficulté. Nous sommes suivis par le Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle, NDLR)". Il continue : "Nous avons perdu 115 millions d'euros rien que par l'écart de change du fait du Brexit, 220 millions d'euros rien que par la perte de chiffre d'affaires". La compagnie a pu bénéficier d'aides de l'Etat et des collectivités. "Notre trésorerie est consolidée grâce au prêt garanti par l'Etat, au chômage partiel et aux avances des régions, nous ne sommes donc pas en difficulté de paiement." tente de rassurer Jean-Marc Roué. Plus de 1 800 personnels naviguants travaillent au sein de la compagnie.